Un déficit de 670 M€ menace 30 chantiers autoroutiers
Un courrier confidentiel de la Deges GmbH, transmis à la nouvelle Autobahn GmbH du Bund, fait état d’une sous-financement dramatique de 670 millions d’euros pour l’année 2025. Or, le besoin total s’élève à 1,84 milliard, tandis que les crédits alloués ne couvrent que 1,17 milliard. Résultat : 30 projets d’aménagement, de modernisation et d’entretien d’autoroutes à travers toute l’Allemagne sont jugés « akut gefährdet », c’est-à-dire « gravement menacés », si des fonds supplémentaires ne sont pas débloqués en urgence.
Des chantiers à l’arrêt et des risques contractuels
Face à cette brèche de financement, la Deges met en garde contre plusieurs scénarios catastrophiques :
La Deges souligne notamment que, « dans le pire des cas, les prestataires résilient les contrats, entraînant des retards massifs et des surcoûts importants pour les nouvelles attributions ».
Zones urbaines et grands ouvrages en première ligne
Les projets concernés se répartissent dans presque tous les Länder : des gros ponts à Cologne et Stuttgart aux tunnels de montagne en Bavière, en passant par des échangeurs stratégiques autour du Ruhrgebiet. Les agglomérations densément peuplées sont particulièrement vulnérables, car ces infrastructures sont déjà saturées et nécessitent une remise à niveau rapide.
Pour les collectivités locales, l’enjeu est majeur : l’autoroute A1 autour de Dortmund, le contournement de Munich Nord ou encore la liaison germanique entre Francfort et Mannheim risquent de perdre leur calendrier initial, faute de budget suffisant.
Rôle de la Deges et blocage de l’Autobahn GmbH
Créée en 1991 pour planifier et coordonner la construction de routes fédérales, la Deges agit pour le compte du ministère des Transports et des Länder. Elle prépare les cahiers des charges, pilote les études et veille à la bonne exécution des travaux. La récente fusion de la gestion du réseau sous la bannière de l’Autobahn GmbH a complexifié la répartition des responsabilités budgétaires.
En parallèle, l’Autobahn GmbH a décrété un « Ausschreibungsstopp » pour 2025, gelant tout nouveau marché de rénovation ou d’extension tant que le budget n’est pas clarifié. Seuls les chantiers déjà financés à leur début peuvent se poursuivre. Cette mesure, présentée comme une simple suspension administrative, est en réalité le symptôme d’une crise budgétaire plus profonde : le fonds spécial « Verkehrsinfrastruktur » n’a toujours pas été libéré et le budget de l’État peine à être voté.
Les entreprises de construction signalent déjà des cas de « Kurzarbeit » (activité partielle) dans le secteur du génie civil, notamment pour les ouvrages d’art, et craignent un « année blanche » pour le BTP routier.
Exigences auprès du nouveau ministre
Patrick Schnieder, entré en fonction en mai au poste de ministre fédéral des Transports, se retrouve au cœur de cette tempête. Les responsables de la Deges lui demandent de débloquer rapidement des marges de manœuvre budgétaires, faute de quoi :
À la « Bild », la Deges n’a pas souhaité commenter publiquement, renvoyant aux « négociations en cours » avec le ministère et le Bundestag.
Appels à la mobilisation et répercussions économiques
Plusieurs fédérations professionnelles, dont la VDBUM (association des métiers de la construction de routes et de canalisations) et le BBS (syndicat des entreprises du BTP), tirent la sonnette d’alarme :
Dans un contexte de relance économique post-pandémie, ces infrastructures sont vitales pour fluidifier le trafic de marchandises, réduire les embouteillages et soutenir l’emploi local. Tout report de chantier pèse sur la productivité des secteurs industriels et logistiques, qui dépendent d’autoroutes performantes.
Perspectives et enjeux stratégiques
Ce coup de « projecteur » interne sur la crise de financement pourrait devenir un électrochoc politique. Pour ne pas compromettre le réseau routier le plus dense d’Europe, les responsables politiques ont désormais deux mois pour :
Le sort de ces 30 projets déterminera l’image de la mobilité allemande pour la prochaine décennie : leur achèvement garantit la compétitivité industrielle, leur report menace la fluidité économique et la sécurité routière.