Un automobiliste piégé par une escroquerie d’identités multiples
Imaginez recevoir, sans explication, plusieurs avis de contravention portant des points sur votre permis pour excès de vitesse et franchissement de feux rouges. C’est le cauchemar qu’a vécu Dustin Senebald, un entrepreneur de 34 ans, lorsqu’il découvre avoir été crédité à son insu de huit points : le maximum avant suspension du permis. Sauf qu’à l’exception d’un unique dépassement de la vitesse autorisée, M. Senebald jure n’être jamais monté au volant de son véhicule lors des autres infractions répertoriées. Son histoire met en lumière une méthode de fraude redoutable, fondée sur l’exploitation de données ouvertes et de boîtes aux lettres fantômes.
Le mode opératoire des escrocs
Les malfaiteurs, experts en « criminalité routière », ont suivi un schéma bien rodé :
Au final, plusieurs contraventions « validées » sans jamais croiser le conducteur sur les photos des radars, l’arnaque frappe là où on ne l’attend pas : dans un processus administrativement automatisé.
Des services de l’État en position de vulnérabilité
Les collectivités chargées de la gestion des infractions admettent leur impuissance face à ces scénarios massifs :
En pratique, les services préfèrent s’en tenir aux mentions fournies par l’usager. Aucun dépistage photo n’est prévu, et les contrôleurs n’ont pas les moyens de lancer des enquêtes exhaustives pour quelques milliers de dossiers mensuels.
Recours et dénouement judiciaire
Face à cette implosion inflammable de points sur son permis, M. Senebald a dû faire appel à un avocat. Selon son conseil, maître Uwe Lenhart, ce type d’« usurpation d’identité » dans le domaine des contraventions est inédit, contrairement aux fraudes aux achats en ligne. Grâce à une action judiciaire et un dialogue soutenu avec plusieurs mairies et préfectures :
Cependant, cette victoire partielle a nécessité des mois de démarches et un stress considérable pour la victime, soulignant l’extrême lenteur des recours administratifs.
Les limites du système et les réformes nécessaires
Ce cas éclaire plusieurs failles systémiques :
Pour renforcer la fiabilité du processus, plusieurs pistes sont à l’étude :
Sans une révision profonde de ces procédures, d’autres automobilistes innocents risquent de subir à leur tour cette « mauvaise surprise » administrative, avec des conséquences possibles sur leur emploi et leur vie personnelle.