Quand Maserati électrise la légende
Longtemps symbole du grand tourisme à l’italienne, Maserati a franchi un tournant crucial avec la Gran Turismo Folgore, sa toute première GT 100 % électrique. Une révolution ? Disons plutôt une métamorphose soigneusement orchestrée. Ce nom, « Folgore » – qui signifie « foudre » en italien – ne doit rien au hasard. Il annonce un coup de tonnerre dans l’univers raffiné mais traditionnel de la marque au trident.
Alors que la transition vers l’électrique bouleverse l’industrie automobile, Maserati choisit de ne pas rater le virage. Et elle le fait avec panache. Mais la Gran Turismo Folgore est-elle à la hauteur de son blason ? Peut-elle vraiment conjuguer sportivité, luxe et électrification sans rien concéder ? Voyons cela.
Une silhouette fidèle à l’ADN Maserati
À première vue, la Gran Turismo Folgore pourrait presque passer pour une version légèrement restylée de son aînée thermique. Et c’est tant mieux. Maserati a eu l’intelligence de préserver les proportions élégantes et les lignes dynamiques qui ont fait le charme du modèle historique. Long capot, épaulements marqués, arrière fuyant : tout est là. Mais sous cette robe intemporelle se cache une mécanique des plus modernes.
Détail notable : pas de grille béante ni d’exubérance de style, comme on peut parfois en voir chez certains nouveaux venus de l’électrique. Maserati préfère l’élégance discrète à la démesure ostentatoire. Et c’est justement ce qui plaît.
Trois moteurs, zéro compromis
Oubliez le V8 chantant de la version thermique. Sous les lignes fluides de la Folgore se niche une triple motorisation électrique, une sur chaque roue arrière et une à l’avant. Résultat ? Une puissance cumulée de 761 chevaux, rien que ça !
Le 0 à 100 km/h est expédié en 2,7 secondes. Oui, vous avez bien lu. Accélérations fulgurantes, reprises instantanées, la Folgore propulse la GT dans une nouvelle dimension. Elle n’a rien à envier aux autres supercars électriques du moment.
Ce qui frappe, c’est la manière dont cette puissance est délivrée : sans brutalité, avec une fluidité déconcertante. Une sorte de velours en furie, si vous me permettez l’image. On sent bien que Maserati a travaillé sur l’équilibre entre sensations de conduite et confort, une marque de fabrique indispensable pour une GT digne de ce nom.
Une batterie haute tension pour la route (et l’autonomie)
La Maserati Gran Turismo Folgore embarque une batterie de 92,5 kWh, dont 83 kWh utilisables. Combinée à une architecture en T (disposée autour du tunnel central), cette configuration permet de conserver un centre de gravité bas, sans sacrifier l’habitabilité.
Et côté autonomie ? Comptez environ 450 kilomètres en cycle WLTP. Pas mal pour une machine aussi puissante, bien que dans la pratique, tout dépendra de votre coup de gaz droit. Mais soyons honnêtes : ce genre de voiture ne s’achète pas pour battre des records d’autonomie.
La recharge est quant à elle à la pointe : jusqu’à 270 kW en courant continu. De quoi récupérer 100 km en moins de 10 minutes sur une borne rapide compatible. Parfait pour les pressés… ou pour ceux qui n’aiment pas trop les aires d’autoroute.
À bord : entre tradition et innovation
Entrez dans l’habitacle, et vous voilà immergé dans l’univers Maserati : matériaux nobles, finitions exemplaires, ambiance feutrée. Mais également écrans et technologie dernier cri. Le cockpit, largement digitalisé, s’organise autour de deux écrans centraux complétés par un combiné d’instrumentation numérique.
Une mention spéciale pour le système audio Sonus Faber de série, made in Italy évidemment, avec jusqu’à 1 195 watts répartis sur 21 haut-parleurs. Oui, vous pouvez écouter votre playlist préférée en profitant d’un rendu sonore digne d’une salle de concert. À condition de ne pas tout couvrir par le doux sifflement du couple instantané.
Mais là où Maserati marque des points, c’est dans sa capacité à intégrer la technologie sans tomber dans le tout-tactile froid ou impersonnel. Les émotions priment toujours, même dans les nouvelles interfaces.
Une GT avant tout, électrique ou non
Maserati le répète : la Folgore est une GT, pas une hypercar. Même si ses chiffres peuvent faire rougir bon nombre de sportives plus radicales, son terrain de jeu reste la longue route. Lignes droites avalées à grande vitesse, courbes bien négociées, confort sur la distance : la Folgore vise un usage plus grand tourisme que circuit.
Le mode de conduite choisi influence d’ailleurs fortement l’expérience. Confort, GT, Sport et Corsa : chaque réglage ajuste la réactivité de la pédale, la dureté de la suspension pilotée et même… le son produit par les haut-parleurs pour simuler le rugissement d’un moteur thermique. Gadget ? Peut-être. Mais avouez que l’idée de mixer émotion et innovation est plutôt séduisante.
Sur route, la direction est précise, le châssis étonnamment agile et l’amortissement absorbe les défauts sans broncher. C’est là qu’on comprend que la Folgore n’a pas simplement été électrifiée : elle a été repensée pour offrir une expérience de conduite fidèle à l’ADN Maserati.
Un regard sur la concurrence
Les GT électriques commencent à fleurir, mais peu osent le mélange si subtil entre séduisante tradition et mobilité de demain. Face à une Porsche Taycan ou une Audi e-tron GT, la Maserati joue la carte de l’émotion et de l’exclusivité italienne.
Alors oui, certaines rivales font mieux en termes de gadgets de conduite semi-autonome ou d’efficience. Mais aucune n’égale vraiment cette capacité à parler autant aux nerfs qu’au cœur.
Pourquoi elle séduit autant (et à qui s’adresse-t-elle ?)
La Gran Turismo Folgore ne cherche pas à plaire à tout le monde. Elle parle aux passionnés. À ceux pour qui l’automobile rime encore avec style, héritage, plaisir de conduite. C’est une voiture pour ceux qui veulent montrer que l’avenir peut être électrifié sans être aseptisé.
Elle séduira :
- les amateurs de GT premium en quête de modernité,
- les fidèles de Maserati réticents à abandonner l’essence,
- les nouveaux venus attirés par une électrique distinctive et luxueuse.
Et entre nous, rouler dans une Maserati, ça reste un petit plaisir coupable, non ?
Un aperçu du futur selon Maserati
Avec la Folgore, Maserati confirme son ambition de passer à une gamme 100 % électrique d’ici 2030. Ce modèle fait figure d’éclaireur, montrant que la marque n’a rien perdu de sa superbe en quittant les pétarades des moteurs à combustion.
Cela dit, ne confondez pas électrification et banalisation. Maserati reste Maserati : un goût pour le raffiné, une pincée d’exubérance italienne et surtout, cette capacité à vous faire vibrer… même sans piston.
Alors, la Gran Turismo Folgore est-elle la GT électrique que personne n’attendait, mais dont tout le monde rêvait ? Peut-être bien. Une chose est sûre : si l’avenir de l’automobile électrique prend cette direction, on a déjà envie d’y être.