Stellantis à l’aube d’un tournant majeur : un candidat se détache
Après des mois d’incertitudes suite à l’annonce du départ de Carlos Tavares, le groupe Stellantis semble enfin prêt à désigner son nouveau patron. Selon plusieurs sources de Bloomberg relayées par nos confrères, un candidat occupe désormais la place de favori et pourrait être officiellement nommé dans les jours à venir. Cette décision, attendue par l’ensemble de l’industrie automobile, intervient dans un contexte de fort ralentissement des ventes aux États-Unis et de capacité industrielle excédentaire en Europe.
Antonio Filosa, profil du probable successeur
Le nom d’Antonio Filosa revient avec insistance dans les couloirs de Stellantis. Né à Naples, il a rejoint Fiat dès 1999 et a gravi tous les échelons du constructeur italien. Après avoir successivement occupé des postes de direction en Europe et en Amérique du Nord, il a joué un rôle clé dans la fusion de FCA et PSA Group en 2021.
- Responsable de la planification produit chez Fiat (1999–2015)
- Directeur régional pour l’Amérique du Nord (2016–2020)
- Architecte de l’intégration FCA-PSA, donnant naissance à Stellantis (2021)
- Directeur en charge des activités américaines depuis 2024
Ses collègues décrivent Antonio Filosa comme un dirigeant pragmatique, doté d’une vision long terme et capable de transformer les défis du marché en opportunités de croissance. Sa connaissance intime des deux principales zones de vente de Stellantis – l’Europe et les États-Unis – fait de lui un choix logique pour prendre la barre du navire.
Les défis hérités de la présidence Tavares
La prochaine direction de Stellantis devra composer avec plusieurs difficultés stratégiques :
- Baisse de 15 % des ventes aux États-Unis en 2024 : face à une concurrence intense dans les segments pickup et SUV, le groupe doit réévaluer son offre et ses prix.
- Surcapacité en Europe : les usines de Termoli et Melfi, en Italie, peinent à absorber le volume de production prévu, entraînant des coûts excessifs.
- Renaissance des marques de prestige : Maserati et Alfa Romeo ont besoin d’un nouveau souffle pour rivaliser avec les constructeurs allemands et le dynamisme des marques chinoises.
- Transition énergétique : accélérer le déploiement de véhicules électriques et hybrides tout en maîtrisant les coûts des nouvelles plateformes BEV.
Ces enjeux exigent un leader capable de piloter à la fois la restructuration opérationnelle, l’innovation technologique et la maîtrise financière.
Une vision pour l’électrification et la digitalisation
Stellantis a déjà investi des milliards d’euros dans ses futures plateformes électriques. Le nouveau CEO devra :
- Consolider l’alliance avec des fournisseurs de batteries et sécuriser l’approvisionnement en matières premières critiques.
- Optimiser le coût de production des modèles BEV, afin de proposer des prix compétitifs sans sacrifier les marges.
- Renforcer l’écosystème logiciel, y compris la connectivité, les services embarqués et la monétisation de la donnée.
- Mettre en place une architecture modulaire (eCMP, STLA) pour réduire la complexité industrielle.
La cohérence entre innovation numérique et production de masse sera un axe central pour répondre aux attentes des investisseurs et des clients.
Confiance des investisseurs et réactions boursières
Depuis le début du mois de mai, le titre Stellantis affiche une légère remontée, signe que les marchés anticipent favorablement cette nomination. Les analystes soulignent :
- Une dynamique haussière due à l’espoir d’un plan stratégique clarifié.
- La nécessité de rassurer les fonds d’investissement sur la capacité du groupe à générer des bénéfices.
- La perspective d’un redressement en Amérique du Nord, où Stellantis détient plusieurs marques fortes (Jeep, Ram).
Ces signaux favorables renforcent l’idée que le successeur de Tavares bénéficiera dès son entrée en fonction d’un climat de confiance relatif.
Les attentes des parties prenantes
À quelques jours de l’annonce officielle, différentes parties prenantes expriment leurs attentes :
- Salariés et syndicats : exigent une vision claire sur les plans de restructuration et la protection des emplois industriels.
- Clients : souhaitent un rythme soutenu de renouvellement des gammes, notamment en matière d’électrique et d’hybride.
- Fournisseurs : espèrent une meilleure prévisibilité des volumes et des partenariats durables sur le long terme.
- Gouvernements : s’attendent à des engagements forts sur la neutralité carbone et le maintien d’usines dans l’UE.
Le prochain CEO devra donc faire preuve d’une grande capacité d’écoute et d’arbitrage pour concilier ces intérêts parfois divergents.
L’avenir de Stellantis entre prudence et ambition
En plaçant Antonio Filosa en tête du groupe, Stellantis opterait pour un leader interne, rodé aux rouages de l’organisation et respecté pour son expertise technique et commerciale. Sa promotion marquerait la fin d’une ère, mais aussi le début d’un nouveau chapitre où l’exigence de performance cohabitera avec la quête d’innovation. À Munich comme à Turin ou Detroit, les professionnels de l’automobile garderont un œil attentif sur la prise de fonction effective et sur les premières décisions stratégiques – qu’il s’agisse de fermetures d’usines, de lancements produits ou de partenariats technologiques.