Le dernier V8 atmosphérique de la « Power-Mittelklasse »
En 2025, alors que la plupart des moteurs à aspiration naturelle ont disparu du paysage automobile, Lexus maintient la flamme avec son RC F Track Edition. Sous son capot en fibre de carbone bat un V8 atmosphérique 2UR-GSE de cinq litres, délivrant 464 ch depuis le facelift de 2018 (contre 477 ch à l’origine). À l’aube de la fin de production, prévue en novembre 2025, ce coupé incarne un « dinosaure » moteur que l’on croyait révolu.
Un son qui renvoie aux légendes
Au démarrage, le RC F Track Edition joue l’effet « time machine ». Le chant rauque et sans artifice de son V8 évoque directement le mythique quatre litres atmosphérique du BMW M3 E92. Dès la pleine charge, on se croirait revenu en 2010, la main crispée sur le volant. Ce plaisir acoustique renforce le sentiment d’appartenir à une époque où le son moteur défiait toute normalisation.
Un cockpit 100 % analogique revisité
L’intérieur adopte un style volontairement « old school » : petits bouton-poussoirs, touches déportées, inserts bleu-noir en carbone et Alcantara. Le combiné d’instruments marie un large tachymètre numérique configurable (trois graphismes possibles) à un tout petit cadran analogique de vitesse, dont l’aiguille part de la position « 6 heures ». Peu lisible, il culmine à 340 km/h, un clin d’œil au monde des supercars.
Track Edition : l’aérodynamique au service de l’adrénaline
Le suffixe « Track Edition » ne sert pas qu’à flatter l’égo. Les évolutions techniques incluent :
- Un splitter avant redessiné pour gagner en appui.
- Un aileron fixe en carbone générant 26 kg d’appui à 270 km/h.
- Capot et toit en carbone apparent pour alléger la partie haute.
- Jantes BBS forgées de 19 pouces et freins céramiques Brembo.
Au total, Lexus annonce une réduction de masse entre 70 et 80 kg. Sur notre pont bascule, l’économie réelle atteint 61 kg, portant le poids à 1 744 kg à sec.
Modes de conduite et sensations sur circuit
En mode « Sport S+ » et ESP déconnecté, le RC F se jette sur la Nordschleife avec un comportement typé premier âge du sport auto : volant précis sans assistance synthétique, retour d’information généreux et réactivité instantanée. Sur les grandes courbes, l’auto reste neutre, tandis qu’en sortie de virage serré, elle glisse légèrement en sous-virage avant de céder un soupçon de survirage contrôlé. Ce compromis élargit le « window » de dérive, idéal pour les néo-adeptes du « rear-wheel drive ».
Freinage et pneus : la limite technologique
La suspension d’origine et les jantes en 19 pouces sont chaussées en Michelin Pilot Sport 5. La céramique Brembo assure une constance sans fading, mais les décélérations mesurées sur piste et au freinage à chaud restent moyennes. Les réglages de l’ABS et le grip limité des gommes traduisent un freinage moins incisif que d’autres sportives modernes. Pour le Track Day, un pneu semi-slick plus mordant aurait été le compagnon idéal.
Performances pures sur la boucle nord
Sur l’enchaînement des passages clés, notre GPS affiche :
- 253 km/h au Schwedenkreuz
- 224 km/h dans le Kesselchen
- 214 km/h à l’approche du Schwalbenschwanz
- 272 km/h sur la Döttinger Höhe
L’accélération 0–200 km/h s’établit à 16,4 s, tandis qu’au banc de puissance Maha, le V8 atteint 436,7 ch à 7 352 tr/min, soit 27 ch en dessous de la valeur constructeur.
Un caractère et une rareté incomparables
Au-delà des chiffres, le RC F Track Edition séduit par son caractère sans filtre. Chaque levée de pied ou variation de régime déclenche un sentiment de vitesse supérieure. Avec moins de 30 immatriculations enregistrées en Allemagne en 2021, sa rareté renforce l’exclusivité. Alors que les coupés V8 atmosphériques s’éteignent peu à peu, Lexus offre un dernier feu d’artifice à ceux qui recherchent émotions et authenticité.