Imaginons un terrain de jeu détrempé, un coupé compact au tempérament de monstre, et 530 chevaux prêts à dévorer chaque ondelette d’asphalte. C’est dans ces conditions extrêmes que le nouveau BMW M2 CS a été évalué, non sur une piste sèche et parfaite, mais en plein orage sud-carolinien. Résultat : un bestiau sportif qui pousse la logique de la M4 CSL dans un format plus petit et plus accessible… pour qui osera vraiment.
Un transfert direct de la M4 CSL
Le M2 CS n’est pas un simple M2 enjolivé. Sous sa carrosserie se cache une dose généreuse de technologie empruntée à la M4 CSL :
- Dampers et supports moteur/boîte taillés pour la course, issus directement de la M4 la plus extrême.
- Abaissement de 8 mm du châssis, avec une géométrie de suspension entièrement recalibrée.
- Réglages de l’embrayage, de la gestion du différentiel et des cartographies moteur affûtées pour plus de réactivité.
Grâce à cette réutilisation intelligente, le M2 CS affiche un comportement plus incisif et précis, digne de son aînée de la catégorie supérieure.
Plus de puissance, moins de kilos
Le six cylindres biturbo 3 litres S58 reçoit une cure de jouvence : + 50 ch et + 50 Nm par rapport au M2 Competition. Pour compenser ce supplément de fougue, BMW a cherché à réduire le poids :
- Trappe de coffre, intérieur du tunnel et sièges baquets en carbone.
- Jantes forgées ultra-légères et ponts allégés.
- Option frein carbone-céramique pour gagner encore 18 kg.
Résultat : malgré un poids à vide de 1 775 kg, le CS paraît étonnamment vif dans les enchaînements, preuve qu’une perte de poids même modeste produit un gain de dynamisme notable.
Un défi sous la pluie
Sur la piste Michelin de Spartanburg, le choix d’un tracé inondé se révèle un scénario parfait pour éprouver la maîtrise du M2 CS. Les pneus Michelin Cup 2 semi-slick, initialement prévus, sont restés au sec. À la place, le CS chausse des Pilot Sport 4 S en compound spécial, capable de générer du grip même sur asphalte détrempé.
Les premières passes montrent un équilibre surprenant entre adhérence mécanique et assistance électronique. L’ESP reste actif, mais travaille en mode “filet de sécurité” plutôt qu’en freinant les élans. Les trajectoires pointent l’agilité du CS, capable de pointer l’avant dans l’angle sans hésitation, puis de relancer fort en sortie, sans que l’arrière ne se débatte trop tôt.
Traction et glisse maîtrisée
BMW a intégré une régulation de traction à 10 niveaux. Sur un espace dédié aux dérapages contrôlés, on découvre une gamme expressive :
- Niveaux élevés (8–10) : intervention minimale, le pilier fait confiance au conducteur.
- Niveaux intermédiaires (4–7) : aide progressive pour maintenir un angle de dérive stable.
- Niveaux bas (1–3) : presque aucune assistance, le CS se comporte comme un vrai coupé de drift, avec dérives brutales si l’on enfonce trop le champignon.
En mode tout assisté, les glisses restent propres et pédagogiques. En désactivant l’ESP, la moindre inattention propulse l’arrière vers l’extérieur, rappelant que 530 ch sur le train arrière exigent respect et doigté.
Sensation de pilotage et ressenti
En séchant progressivement, le tracé se transforme en mosaïque de zones humides et sèches. C’est le moment où le M2 CS révèle sa magie : malgré l’ESP actif, l’intervention est si discrète qu’on a l’illusion de piloter un coupé pur-sang, sans béquilles électroniques. L’avant mord dans la courbe, l’arrière assure une traction étonnamment forte et le S58 chante un opéra rauque, strictement réservé aux initiés.
Seul point à corriger : la molette de direction manque de retour tactile, comparaison qui met en évidence une légère dissonance entre la précision chirurgicale du châssis et la consistance du volant.
Intérieur résolument race
Le cockpit du M2 CS fait dans le tout utile :
- Sièges baquets carbone : maintien extrême, confort secondaire.
- Suppression de l’accoudoir central pour alléger et libérer l’espace entre les fesses.
- Éléments décoratifs en fibre de carbone, touches de rouge et surpiqûres contrastantes.
Le décor ne ment pas : on est face à un jouet conçu pour la performance, pas pour les longues balades feutrées.
Entre défi sous la pluie et démonstration de savoir-faire technique, le BMW M2 CS apparaît comme un concentré d’ADN M4 CSL dans un format plus abordable. Seuls les pilotes prêts à affronter 530 ch en conditions extrêmes trouveront ici leur dose d’adrénaline ultime.
