Dans le paysage des coupés sportifs des années 1980-1990, le Honda CRX occupe une place à part. Populaire auprès des tuners pour son châssis compact et sa motorisation vive, il est aujourd’hui un objet de convoitise pour les collectionneurs. En l’espace de cinq années seulement, les prix de l’édition ED9 du CRX ont explosé : un exemplaire sain se négocie désormais autour de 18 000 €, là où il en valait à peine 5 000 en 2020. Cette flambée de +260 % soulève la question : pourquoi investir maintenant dans ce petit coupé atypique, et quels critères retenir pour dénicher la perle rare ?
Un héritage issu du Civic : compacité et légèreté
Lancé en 1983 en tant que version sportive du Honda Civic, le CRX se distingue dès ses débuts par un empattement raccourci de 18 cm et une silhouette affûtée, extrêmement basse (seulement 1,29 m de haut) et très aérodynamique (Cw de 0,33). Pour alléger la balance, 38 % de la carrosserie sont constitués de panneaux plastiques, fixés à la carrosserie en acier. Avec un poids à vide proche de 820 kg, le CRX figure parmi les voitures les plus légères de son époque – un atout majeur pour son agilité.
Motorisations : trois, quatre, seize soupapes
Au lancement, le CRX reçoit le moteur EW3 de 1,5 L (100 ch), un bloc under-square tournant à haut régime grâce à son architecture à trois soupapes par cylindre et son injection PGM-FI sans capteur de masse d’air. Malgré sa puissance modeste face aux GTI européennes (112 ch pour la Golf GTI), il se distingue par sa souplesse et sa consommation maîtrisée (5,6–8,3 L/100 km en cycle mixte).
En 1985, Honda introduit le 1,6 L DOHC ZC1 de 125 ch, puis le fameux B16A de 160 ch VTEC dans les dernières séries, portant le coupé dans une autre dimension de performances. Couplé à une boîte manuelle cinq rapports au guidage précis, le CRX devient un véritable kart de route, apprécié pour son ressenti et sa faculté à enchaîner les virages serrés.
Les atouts d’un placement intéressant
Plusieurs facteurs expliquent cette explosion tarifaire :
- Rareté et état de conservation : les exemplaires en bon état de carrosserie et d’intérieur se font rares ; la corrosion ronge les bas de caisse et les soubassements, surtout en zone humide.
- Engouement pour la culture JDM : la popularité des modèles japonais des 80-90s ne cesse de croître auprès des amateurs de « JDM », conduisant à une forte demande sur le marché de l’occasion.
- Qualité de fabrication Honda : robustesse mécanique, entretien aisé (pièces disponibles chez les spécialistes) et fiabilité légendaire renforcent l’attrait pour les CRX ED9 bien entretenus.
- Accessibilité d’un coupé sportif : par rapport aux jeunes classiques Européennes, le Honda CRX offre un excellent rapport poids/puissance et une expérience de conduite unique pour un budget encore abordable.
Points de vigilance lors de l’achat
Avant de signer, il convient de porter une attention particulière à ces éléments :
- Corrosion des points critiques : vérifiez les logements de cric, les soubassements, les traverses avant et arrière, ainsi que la fixation de la cellule vitre/plastique.
- État du moteur : écoutez le 1,5 L ou le 1,6 L au ralenti et en charge pour déceler claquements de soupapes ou frottements internes. Un examen de la crépine d’huile et de la pompe à eau est également recommandé.
- Boîte et embrayage : assurez-vous d’un passage de rapports franc et sans à-coups ; le remplacement de l’embrayage tous les 100 000 km peut s’avérer nécessaire.
- Historique d’entretien : privilégiez un véhicule ayant bénéficié de courroie de distribution, d’une vidange régulière et d’une révision du système d’injection.
- Modifications et tuning : si certains exemplaires présentent des suspensions très abaissées, des échappements surdimensionnés ou des kits carrosserie, contrôlez la qualité des interventions et la conformité légale (cartographie, homologation, etc.).
Les versions à privilégier
Parmi les déclinaisons, voici celles qui combinent le mieux valeur et agrément :
- CRX 1.6i-16 ED9 (1987-1992) : alliant 125 ch à un compromis confort/performance idéal, c’est l’ED9 le plus recherché pour un usage quotidien.
- CRX VTEC B16A (1989-1992) : réservé au marché japonais et américain, son B16A de 160 ch est la star absolue pour les puristes prêts à investir dans un modèle rare.
Potentiel d’évolution des prix
Si la triple cotation des CRX ED9 ces cinq dernières années reflète l’intérêt croissant, plusieurs indicateurs invitent à la prudence :
- Approche d’une bulle spéculative : l’ampleur et la rapidité de la hausse pourraient précéder un palier, voire un retournement de marché.
- Disponibilité croissante : les clubs et réseaux d’importateurs commencent à rapatrier des exemplaires depuis le Japon et l’Amérique du Nord, ce qui pourrait soutenir l’offre.
- Coût de restauration : un exemplaire sous-évalué (5 000 € en 2020) nécessitant une remise en état peut rapidement absorber le budget d’achat initial.
Pourquoi acheter dès maintenant ?
Pour beaucoup d’amateurs, le CRX incarne une voiture de caractère : maniable, pétillante et fidèle à l’esprit d’ingénierie Honda. À 18 000 €, il reste accessible comparé à d’autres Youngtimers dont les prix s’envolent (Alfa 75, BMW E30 M3, etc.). En misant sur un exemplaire sain, l’acheteur bénéficie d’une croissance probable de la cote à moyen terme, tout en découvrant un coupé sportif authentique que l’on conduit avec un plaisir toujours renouvelé.
