Signature Autosports réinvente le mythe : le « 355 SL » transforme un SLK 55 AMG en coupé à portes papillon
Les restomods continuent de prospérer, et le dernier projet en date de Signature Autosports frappe fort en s’attaquant à l’un des symboles les plus emblématiques de l’histoire automobile : le Mercedes 300 SL « ailes de mouette ». Plutôt que de reproduire servilement l’icône des années 1950, l’atelier britannique a choisi une approche hybride et pragmatique : transposer l’esprit et les codes esthétiques du 300 SL sur une base moderne, celle du Mercedes‑SLK 55 AMG (2014). Le résultat, baptisé 355 SL, mêle nostalgie visuelle et mécanique contemporaine — une formule séduisante pour qui veut du caractère sans renoncer au confort et à la fiabilité.
Un hommage qui prend de la hauteur
Le 300 SL originel n’était pas seulement un objet de luxe mais un manifeste technique : caisse en aluminium et acier, aérodynamique avancée pour l’époque, et surtout ces portes papillon nées de la nécessité d’accéder à un châssis tubulaire élevé. Signature Autosports reprend cette idée iconique en adaptant les ouvrants du SLK 55 AMG afin qu’ils s’ouvrent vers le haut à la manière du 300 SL. Les proportions générales et certains traits de style évoquent le modèle d’après‑guerre sans tomber dans la reproduction fidèle — on reconnaît une silhouette contemporaine mais subtilement « rétrofittée ».
La mécanique : tout ce qui compte reste moderne
Sous le capot, le projet conserve le 5,5 litres V8 atmosphérique du SLK 55 AMG, une unité déjà réputée pour son caractère et sa sonorité. Les 421 chevaux d’origine sont maintenus, offrant des performances largement supérieures à celles du 300 SL historique, tout en assurant une tenue de route et une fiabilité conformes aux attentes d’aujourd’hui. La transmission automatique à sept rapports reste de la partie, ce qui signifie que le 355 SL reste utilisable au quotidien et ne réclame pas les compromis souvent associés aux répliques purement « vintage ».
Châssis et comportement : liaisons au sol modernes
Pour parfaire le mariage entre la silhouette rétro et la dynamique moderne, Signature Autosports équipe le 355 SL d’un train roulant KW à ressorts filetés réglables en hauteur, compression et détente. Ce choix vise à offrir une large gamme d’ambiances, allant d’un confort feutré aux comportement plus incisif sur routes sinueuses. Les jantes trois pièces de 18 pouces, habillées de caches type 300 SL, jouent l’ambiguïté entre look d’époque et prestations actuelles : elles renforcent l’esthétique sans pénaliser l’usage réel puisqu’elles reçoivent des pneumatiques modernes.
Un intérieur contemporain qui préserve l’utile
À l’intérieur, la démarche est volontairement fonctionnelle : l’habitacle provient presque intégralement du SLK de série. Si certains puristes regretteront l’absence d’une adaptation plus « period‑correct », le choix de garder la planche de bord, les commandes et les sièges de la voiture moderne garantit une ergonomie, des équipements et une sécurité conformes. Climatisation, système audio, matériaux contemporains et la praticité du coffre — doublé d’un revêtement en Alcantara dans la version présentée — rendent le 355 SL utilisable au quotidien, un point clé pour nombre d’acheteurs potentiels.
Prix : une « bonne affaire » relative
Comparé aux sommes astronomiques demandées pour des 300 SL originaux — souvent plusieurs millions d’euros aux enchères —, le prix demandé par Signature Autosports peut sembler raisonnable. Le 355 SL est annoncé à 299 950 dollars, soit environ 257 000 € selon les taux du moment. Ce tarif positionne l’engin dans une niche particulière : il s’adresse aux acheteurs qui veulent l’allure d’une légende à coût « contenu », mais avec des prestations contemporaines, fiabilité et confort. Reste que, pour un véhicule basé sur un SLK 55 AMG de 2014, il s’agit d’un investissement conséquent ; l’acheteur paye autant la transformation et l’exclusivité que la mécanique.
Pour qui est fait le 355 SL ?
Questions en suspens et regard critique
Le projet soulève aussi des interrogations légitimes : quelle est la valeur de revente d’un tel restomod ? Quelle certification et quel suivi pour l’homologation selon les marchés ? Enfin, côté puristes, certaines sensibilités pourraient reprocher à l’approche de ne pas aller jusqu’à une reconstruction intégrale d’époque, préférant une authenticité historique absolue. Mais il faut reconnaître que le 355 SL n’ambitionne pas d’être une copie conforme : c’est une réinterprétation, un « what if » où le charme du passé rencontre la practicité d’aujourd’hui.
Le mot du collectionneur moderne
Dans un marché où les prix des classiques flambent et où la demande pour l’original dépasse souvent l’offre, les restomods comme le 355 SL occupent une place grandissante. Ils répondent à une clientèle qui veut raconter une histoire au volant — celle du 300 SL — mais sans renoncer aux commodités et à la sécurité de l’époque actuelle. Signature Autosports propose ainsi une alternative crédible : du caractère, de la personnalité et une dose d’audace, le tout sur une base fiable. Pour ceux qui parcourent le marché des voitures rares avec un œil pragmatique, le 355 SL mérite d’être vu, essayé et jugé sur route, car c’est là que s’écrit la véritable réussite d’un restomod.
