Le MX‑5 NA, petit roadster japonais léger et joueur, est depuis toujours une toison d’or pour les préparateurs. Rocketeer, atelier britannique spécialisé dans la restauration et la transformation de petites sportives, pousse aujourd’hui l’exercice dans ses retranchements : remplacer le modeste quatre‑cylindres d’origine par un V6 Jaguar de 3,0 litres et réduire le poids à seulement 850 kg. Résultat affiché par le préparateur : jusqu’à 380 ch et un rapport poids/puissance qui tutoie celui d’une supercar classique. Voici ce que cela signifie techniquement, financièrement et en pratique pour qui rêve d’un MX‑5 transformé en petit bolide.
La base : pourquoi le MX‑5 se prête si bien au restomod
Le NA est apprécié pour son équilibre châssis‑moteur, sa direction directe et sa philosophie « light is right ». Sa simplicité mécanique et la disponibilité de châssis sains en font une base idéale pour les projets de restauration et d’upgrade. Rocketeer conserve l’allure originelle mais remplace ce qui doit l’être pour transformer le caractère : coque restaurée, renforts, trains roulants adaptés et, surtout, une motorisation radicalement différente.
Le cœur du projet : un V6 Jaguar sous le capot
Plutôt que de recourir à un gros bloc V8 ou à des solutions turbo du 4‑cylindre, Rocketeer a choisi un V6 Jaguar 3,0 l en aluminium, initialement développé pour des applications Ford puis optimisé par Cosworth pour Jaguar. Ce moteur présente plusieurs avantages dans le contexte d’un restomod sur MX‑5 :
Rocketeer propose plusieurs niveaux de puissance : la fourchette va de 284 ch jusqu’à la version « full » à 380 ch — cette dernière étant celle qui suscite le plus d’émotions, mais aussi de questions pratiques.
Le chiffre qui interpelle : 850 kg à vide
Pour atteindre un comportement digne d’une bête de piste, Rocketeer n’a pas seulement changé le moteur : l’atelier applique une stratégie de légereté systématique. Châssis allégé, éléments en aluminium, suppression d’éléments superflus, trains roulants allégés et roues adaptéess. Le résultat : 850 kg sur la balance, soit un rapport poids/puissance d’environ 2,3 kg/ch pour la version 380 ch. À titre de comparaison, un Ferrari F40 annonce ~2,6 kg/ch — ce qui illustre l’extrême performance potentielle de ce MX‑5 restomoddé.
Comportement routier : promesse et mises en garde
Avec ce rapport poids/puissance, on imagine immédiatement des accélérations foudroyantes et une tenue de route incisive. Mais ces chiffres exigent une mise au point fine :
Sans ces adaptations, la voiture peut se transformer en piège pour un conducteur peu averti — l’agilité devient alors nervosité, et la sécurité dépendra entièrement de la qualité de l’intégration technique.
Le coût : une restauration qui n’est pas pour les petits budgets
Rocketeer communique des tarifs qui reflètent la rareté et la complexité du travail : le moteur seul dans ses versions commence à des montants significatifs (par exemple, les prix des blocs et conversions indiqués par le préparateur atteignent plusieurs milliers d’euros), et une restauration complète débute, selon l’annonce, autour de 80 500 €. À cela s’ajoutent les frais d’homologation, de main‑d’œuvre, et les éventuels travaux de renfort structurel. En bref : un projet exigeant et coûteux, comparable à l’achat d’un véhicule de prestige si l’on calcule le tout.
Homologation et usage : quelles perspectives pratiques ?
Un point crucial concerne la conformité routière : dans certains pays, remplacer un moteur implique des démarches lourdes, tests d’émissions, et parfois des limitations pour l’obtention d’une carte grise adaptée. Rocketeer réalise ces transformations au Royaume‑Uni ; l’exportation d’un tel véhicule vers d’autres marchés (notamment l’Union européenne) nécessite souvent une expertise administrative et technique supplémentaire.
À qui s’adresse ce projet ?
En revanche, pour un propriétaire recherchant un usage quotidien sans complications, ou une revente facile, ce type de transformation n’est généralement pas recommandé. Les coûts d’entretien, d’assurance et les démarches administratives peuvent vite peser.
Le verdict technique
Rocketeer illustre ce que peut être un restomod réussi : respect de la silhouette, renforts techniques et une augmentation drastique de la performance. Le mariage entre un châssis léger et un V6 élégant fournit une recette redoutable pour des sensations de conduite intenses. Mais la recette a un prix, et elle demande un accompagnement technique sérieux pour garantir sécurité et fiabilité.
Pour ceux qui rêvent de combiner la légèreté d’un roadster et le charme d’un moteur à six cylindres, ce MX‑5 V6 de Rocketeer est une proposition fascinante — une promesse de pilotage pur, à condition d’accepter les implications pratiques et financières d’un tel niveau d’affûtage.
