Le défi de la traction pour les camions électriques lourds

Les camions électriques se heurtent souvent à leurs limites dès que la route bitumée s’arrête. Sur les chantiers, dans les décharges ou lors des opérations de déneigement, le manque d’adhérence entrave leur capacité à démarrer et manœuvrer. Le système de transmission intégrale classique, s’il améliore la motricité, alourdit le véhicule et grève son autonomie. Pour pallier ces inconvénients, le Suisse Designwerk a conçu une solution hydraulique innovante, baptisée « Hydraulic Traction », offrant une traction complémentaire à la demande.

Principe de la traction hydraulique additionnelle

Contrairement à un véritable train avant mécanique, le dispositif se base sur un circuit hydraulique fermé :

  • Une pompe à huile haute pression, entraînée par le moteur électrique, génère un flux constant.
  • Le fluide sous pression est acheminé vers un moteur hydraulique radial situé aux roues avant.
  • À l’intérieur de ce moteur, plusieurs pistons sont disposés en cercle. Sous la pression du fluide, ils poussent contre la paroi interne, produisant une force de rotation.
  • La commande électronique régule en continu le couple, la vitesse et le patinage pour optimiser la motricité.

Jusqu’à environ 20 km/h, ce « mode 4×4 hydraulique » peut être engagé ou se déclencher automatiquement selon le niveau de glissance. Au-delà, le système se désactive pour limiter la consommation d’énergie auxiliaire.

Avantages face à un train avant mécanique

La solution de Designwerk se veut légère et modulable :

  • Gain de poids : l’absence de cardans, différentiels et arbres de transmission allégerait le véhicule de centaines de kilogrammes.
  • Meilleure autonomie : en évitant la perte de rendement inhérente aux châssis 4×4 classiques, l’impact sur l’autonomie reste limité.
  • Usure réduite : moins de pièces mécaniques signifie moins de maintenance et de risque de panne.
  • Charge utile accrue : selon Designwerk, l’économie de masse permet de transporter jusqu’à 750 kg de marchandises supplémentaires.

Applications et cas d’usage

Cette traction hydraulique cible principalement des domaines où les transitions entre revêtement dur et sol meuble sont fréquentes :

  • Logistique de chantier : circulation sur terrains instables, remblais et gravillons.
  • Exploitation forestière : montée sur sols boueux ou humides pour l’acheminement de grumes.
  • Décharges et recyclage : surface non stabilisée et chargements lourds.
  • Services hivernaux : déneigement et épandage sur chaussées verglacées.

Dans chacune de ces missions, la « Hydraulic Traction » garantit un démarrage sûr, y compris en marche arrière ou sur pentes raides, tout en laissant le conducteur se concentrer sur sa tâche.

Intégration et déploiement

Designwerk propose une solutions adaptable à la majorité des camions électriques deux à quatre essieux. Les premières présentations publiques auront lieu lors du salon transport.ch en novembre 2025. Les véhicules équipés de cette traction additionnelle devraient être livrés dès la fin de l’année, munis de batteries allant de 375 à 750 kWh, selon le châssis et l’usage prévu.

Perspectives pour la mobilité lourde électrique

La traction hydraulique ouvre une voie nouvelle pour l’électrification des poids lourds : elle supprime la barrière technique liée à la motricité sur sols difficiles sans sacrifier l’efficacité énergétique. Cette alternative, moins lourde et moins consommatrice que l’entraînement intégral classique, pourrait bien devenir un standard sur les flottes spécialisées, là où la simplicité et la fiabilité priment.

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