Porsche a récemment annoncé un changement majeur dans sa stratégie produit : le tant attendu SUV de luxe codé “K1” ne sera pas lancé en version électrique comme prévu, mais d’abord équipé de motorisations thermiques et plug-in hybrid. Cette décision, validée par le conseil d’administration et le conseil de surveillance, traduit une réaction pragmatique face à la demande vacillante du marché haut de gamme pour les véhicules 100 % électriques.
Un SUV XXL taillé pour les marchés américain et chinois
Positionné au sommet de la gamme, au-dessus du Cayenne, le « K1 » de plus de cinq mètres de long se présente comme un sept places et un crossover de prestige destiné à rivaliser avec les BMW X7 et Mercedes-Maybach GLS. Sur ces segments, la clientèle exige un mélange de confort, de sportivité et de technologie. Porsche vise ainsi à renforcer ses marges en s’appuyant sur un modèle à forte valeur ajoutée, capable d’attirer acheteurs et collectionneurs.
Pourquoi retarder la version électrique ?
Plusieurs facteurs ont conduit Porsche à repousser la commercialisation du K1 en version électrique :
- Demande en recul : Les ventes de VUS électriques de prestige stagnent, alors que les coûts de développement et d’infrastructure demeurent élevés.
- Droits d’importation : Les surtaxes américaines sur certains composants électroniques ont alourdi le prix de revient d’un BEV exporté vers les États-Unis.
- Conjoncture en Chine : Le segment premium y subit un léger ralentissement, amenant Porsche à temporiser sa stratégie électrique.
Conséquence directe : des provisions d’1,8 milliard d’euros ont été inscrites au bilan au titre de la plateforme électrique SSP-61, et un coût global de 3,1 milliards en charges exceptionnelles lié au report.
Motorisations thermiques et plug-in hybrid en premier
À son lancement, attendu en 2027 dans l’usine de Leipzig, le K1 intégrera :
- Des V6 et V8 sur la plateforme PPC (Premium Platform Combustion) adaptée aux grands VUS.
- Une déclinaison plug-in hybrid, mariant un bloc essence 6 cylindres à un moteur électrique pour une autonomie électrique de 50 km.
Cette approche permet un démarrage rapide de la production, sans attendre la maturité de la future plateforme SSP dédiée aux BEV.
Design et fonctionnalités attendues
Les premiers visuels et croquis dévoilent un profil de crossover coupé : capot court, toit fuyant et hayon horizontal. L’habitacle promet un nouveau niveau de raffinement :
- Interface d’infodivertissement étendue sur deux écrans de 14 et 12 pouces.
- Commandes tactiles et retour haptique pour minimiser les boutons mécaniques.
- Pack assistance à la conduite de niveau 3, incluant conduite autonome sur autoroute et stationnement automatisé.
La plateforme PPC comme option d’urgence
Bien que Porsche n’ait pas confirmé officiellement la plateforme, la PPC est pressentie : conçue pour les grands formats, elle accueille les motorisations thermiques et les hybrides rechargeables sans modifications majeures. Cette solution permettrait :
- Un développement accéléré, réduisant les coûts et les délais.
- Une mise en volume rapide pour répondre à la concurrence sur le segment.
- La flexibilité d’une transition vers l’électrique ultérieure, via une refonte partielle.
Des ambitions électriques maintenues pour la décennie suivante
Porsche n’abandonne pas pour autant son projet de K1 100 % électrique ; il est simplement replanifié dans la seconde moitié des années 2030. Les spécifications visées :
- Plateforme SSP-61 à 800 volts pour des charges ultra-rapides (350 kW).
- Autonomie théorique de 700 km WLTP.
- Architecture électrique optimisée pour un centre de gravité bas et un châssis aux réglages sportifs.
Ces ambitions subsistent, mais l’industrialisation devra attendre la maturité des technologies et la stabilisation du marché haut de gamme.
Impact financier et perspectives
Outre les écritures comptables, ce report traduit un virage stratégique : privilégier la rentabilité et l’adaptation rapide aux attentes clients plutôt qu’une course précipitée vers la voiture 100 % électrique. Pour les marchés clés — Amérique du Nord et Asie —, cette décision renforce l’offre immédiate, tout en préparant la future génération de véhicules zéro émission.