Un virage stratégique vers le PHEV
Volvo n’en finit pas de surprendre ses observateurs : initialement engagé dans une trajectoire 100 % électrique, le constructeur se voit contraint de prolonger la vie du XC90 à moteur thermique. Lors de la conférence investisseurs du 27 juillet 2025, Håkan Samuelsson, CEO de Volvo Cars, a confirmé qu’une troisième génération du XC90 verrait bien le jour, reposant à nouveau sur des motorisations à combustion, mais évoluées sous forme de plug-in hybrids (PHEV).
Cette décision reflète la réalité du marché : la transition vers le tout électrique se heurte encore à des freins techniques et commerciaux, tant au niveau de l’infrastructure de recharge que de l’acceptation par les clients. Avec ce nouveau chapitre, Volvo entend offrir une solution de transition plus souple, alliant l’autonomie des moteurs thermiques aux avantages écologiques d’une motorisation électrifiée.
Genèse de la troisième génération du XC90
Le SUV XC90 a fait ses débuts en 2014 (deuxième génération), avant d’être lancé sur le marché en 2015. Il devait progressivement céder sa place au Volvo EX90 100 % électrique. Pourtant, face à l’adoption encore limitée des VE et à la demande toujours soutenue pour les grosses voitures familiales avec une autonomie rassurante, le XC90 a bénéficié d’un restylage en 2024. Cette mise à jour a permis d’améliorer le design, les aides à la conduite et l’ergonomie, sans rompre avec la tradition du modèle.
Aujourd’hui, Samuelsson va plus loin : non seulement le XC90 conservera un moteur à combustion, mais il ouvrira le bal d’une troisième génération dont la plateforme pourrait reposer sur l’architecture modulaire SMA (Scalable Modular Architecture) déjà dévoilée en Chine sous le nom XC70. Cette base, conçue pour recevoir des batteries plus volumineuses, autorise une autonomie électrique annoncée jusqu’à 200 km, une performance inédite pour un SUV de ce gabarit.
Architecture technique et motorisations
- Plateforme SMA : évolutive, elle permet de loger une batterie de plus grande capacité sans modifier radicalement l’empattement.
- Moteur thermique hybride rechargeable : le bloc à combustion interne sera associé à un ou plusieurs moteurs électriques pour offrir jusqu’à 200 km d’autonomie en mode tout électrique.
- Recharge rapide : compatible avec les bornes DC, le nouveau XC90 PHEV pourra récupérer 80 % de sa batterie en moins de 30 minutes.
- Transmission intégrale électrique : fonctionnelle et instantanée, elle remplace partiellement les différentiels mécaniques.
Grâce à cette configuration, Volvo vise à proposer un SUV familial sophistiqué, capable de rouler en ville sans consommer une goutte d’essence et de couvrir de longs trajets sans stress aucun sur autoroute.
Enjeux commerciaux et réglementaires
À l’origine, Volvo affichait l’ambition de produire uniquement des véhicules électriques à partir de 2030. Cependant, la cadence de déploiement des infrastructures de recharge, notamment en Europe de l’Est et dans les zones périurbaines, s’avère insuffisante pour certains clients. Résultat : la demande pour des modèles PHEV à l’équilibre entre autonomie thermique et électrique reste forte, en particulier sur les marchés nord-américains et chinois.
Sur le plan réglementaire, les PHEV profitent encore de taux d’émission moyens plus favorables que les moteurs thermiques purs. Ils constituent une solution de contournement pour les flottes d’entreprises soumises aux quotas de CO₂ et aux bonus-malus écologiques. La troisième génération du XC90 s’inscrit ainsi dans cette logique pragmatique, offrant à Volvo le moyen de satisfaire ses clients tout en respectant les normes européennes en vigueur.
Transfert technologique et synergies Chine–Europe
Le futur XC90 pourrait bénéficier directement des avancées réalisées en Chine, terre d’élection du groupe Geely (maison-mère de Volvo). Le XC70 local, basé sur la plateforme SMA, a démontré sa fiabilité et ses capacités en conditions extrêmes. Volvo envisage donc :
- Un partage de composants, notamment les modules de batterie haute densité développés par les partenaires asiatiques.
- Une cotation des coûts de production optimisée grâce aux volumes chinois, permettant d’abaisser le prix de revient.
- Une harmonisation des réglementations pour faciliter l’homologation transcontinentale du modèle.
Cette stratégie de “reverse engineering” entre les usines de Chengdu et de Torslanda illustre la nouvelle approche glocale de Volvo : concevoir des modèles adaptés aux spécificités de chaque marché tout en mutualisant les technologies axées sur l’hybridation.
Ce qu’il faut retenir pour les futurs acquéreurs
Pour les conducteurs à la recherche d’un SUV premium familial, capable de basculer sans accroc entre le mode électrique urbain et les trajets longue distance, la troisième génération du XC90 pourrait représenter l’équilibre parfait. Voici quelques points clés à considérer :
- Autonomie électrique XXL : 150 à 200 km selon la configuration batterie.
- Polyvalence d’usage : circuler en zone à faibles émissions en mode zéro émission, puis passer sur autoroute en thermique.
- Coût total de possession : incitations fiscales liées aux PHEV, économies de carburant et entretien simplifié du bloc électrique.
- Fidélité à l’ADN Volvo : sécurité, confort, design scandinave et finition haut de gamme.
Avec cet atout hybride plus poussé, Volvo entend séduire une clientèle encore hésitante à franchir le pas de l’électrique intégral, tout en préparant progressivement son catalogue à une palette de solutions bas carbone.