La Chine revoit sa réglementation et remet en question le « One Pedal Driving »
La Norme nationale chinoise « GB 21670-2025 », entrée en vigueur pour les homologations moteur à partir du 1er janvier 2026, provoque une onde de choc dans l’industrie des véhicules électriques. Contrairement à ce qu’annoncent certains titres alarmistes, elle n’interdit pas totalement le mode « Conduite à une pédale » (« One Pedal Driving »), mais impose que ce dernier ne soit plus activé par défaut sur les voitures neuves.
Qu’est-ce que le « One Pedal Driving » ?
Ce mode, très prisé des conducteurs d’électriques, utilise la décélération par récupération d’énergie au freinage (récupération cinétique) pour ralentir le véhicule dès qu’on relâche l’accélérateur. Selon le niveau de régénération choisi, l’auto freine progressivement, jusqu’à l’arrêt complet, sans toucher à la pédale de frein. Ce fonctionnement simplifie les trajets urbains et optimise l’autonomie en rechargeant la batterie.
Points clés de la norme GB 21670-2025
- Interdiction de fournir en usine un véhicule capable de s’arrêter uniquement par récupération, sans solliciter le frein mécanique.
- Obligation de désactiver, par défaut, le mode de freinage 100 % régénératif menant à l’arrêt.
- Possibilité de réactiver le mode « One Pedal » par une action volontaire du conducteur via menu ou bouton dédié.
- Exigence que le feu-stop s’allume dès que la décélération par récupération atteint au moins 1,3 m/s², et reste allumé tant que ce freinage se poursuit.
- Installation obligatoire de systèmes antiblocage des roues (ABS) sur tous les nouveaux modèles, une mesure déjà en place en Europe depuis 2004.
Les raisons avancées par les autorités chinoises
La régulation vise à réduire les risques d’accidents graves : plusieurs cas ont été relevés où des conducteurs, habitués à décélérer sans freiner, se sont retrouvés déconcertés en situation d’urgence, et ont appuyé sur la mauvaise pédale. La Régie d’État chargée de la réglementation du marché et l’Administration chinoise de normalisation estiment que laisser le mode actif sans instruction claire est source de confusion et nuit à la sécurité.
Une mesure déjà anticipée par Tesla
Tesla a pris une longueur d’avance : dès 2023, la marque implantée à Shanghai a déployé une mise à jour logicielle désactivant par défaut le freinage intégral par récupération sur ses modèles. Les conducteurs doivent désormais sélectionner explicitement le mode augmenté de régénération pour profiter d’un « One Pedal Driving » complet.
Impact pour les constructeurs et adaptations techniques
Les manufacturiers travaillant sur le marché chinois doivent repenser l’ergonomie et l’interface :
- Revoir les paramétrages d’usine pour que le véhicule démarre en mode à faible régénération, obligeant le conducteur à activer le niveau élevé manuellement.
- Adapter les feux-stop pour qu’ils réagissent aussi à la régénération, non seulement à l’appui sur la pédale de frein.
- Mettre à jour les manuels d’utilisation et former le réseau de distribution pour informer clairement les clients.
Autres exigences de la réglementation
Outre le freinage, la norme GB 21670-2025 précise deux volets supplémentaires :
- L’allumage automatique du feu-stop dès que la décélération par récupération dépasse 1,3 m/s², assurant une meilleure visibilité pour les véhicules suiveurs.
- L’installation systématique de l’ABS, même sur les variantes utilitaires légers, pour améliorer le contrôle dans les manœuvres d’évitement.
Calendrier d’application
La norme s’appliquera aux nouvelles homologations nationales dès le 1er janvier 2026. Les mesures spécifiques au « One Pedal Driving » entreront en vigueur un an plus tard, au 1er janvier 2027, laissant aux constructeurs le temps de modifier les logiciels et l’interface utilisateur, ainsi que de communiquer sur ces évolutions.
Conséquences pour le conducteur quotidien
Pour les utilisateurs finaux, la conduite restera similaire, mais il faudra désormais :
- Accéder à un menu ou action manuelle pour sélectionner une régénération très élevée menant à l’arrêt.
- S’assurer que le feu-stop réagit correctement lors du freinage par récupération.
À moyen terme, cette approche de la sécurité pourrait s’étendre à d’autres marchés, si les retours d’expérience chinois sont jugés concluants par les autorités internationales.