Bilan chiffré des accidents mortels
Selon un rapport officiel transmis à la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) des États-Unis, les systèmes d’assistance Tesla — Autopilot et Full Self-Driving (FSD) — ont été impliqués dans 40 accidents mortels enregistrés jusqu’en octobre 2024. Ces données proviennent de notifications obligatoires que Tesla doit transmettre à l’agence après chaque incident où son logiciel de conduite assistée est en service.
Alors que Tesla revendique plusieurs centaines de millions de kilomètres parcourus en mode assisté, ces 40 accidents soulignent un ratio inquiétant, d’autant plus que certains se sont produits à faible vitesse ou dans des scénarios de perception routiniers :
- Collisions arrière lors de freinages inattendus
- Impacts latéraux dans les intersections
- Accidents à grande vitesse sur autoroute
- Franchissements non intentionnels de bandes de circulation
Mécanismes et limites des systèmes Autopilot et FSD
Les deux principaux niveaux d’assistance de Tesla fonctionnent sur la base de caméras, de capteurs à ultrasons et de radars, couplés à un algorithme de vision assistée. Concrètement :
- Autopilot : maintient la trajectoire dans une voie, adapte la vitesse en fonction du trafic et gère la distance avec le véhicule précédent.
- FSD (Full Self-Driving) : ajoute des fonctionnalités comme le changement de voie automatique, la navigation sur autoroute et le franchissement d’intersections éclairées.
En dépit de leur ambition, ces systèmes requièrent une surveillance constante du conducteur, comme l’impose la classification SAE de niveau 2. Plusieurs accidents révèlent cependant un relâchement : mise face à des scénarios non prévus par l’algorithme, certains conducteurs n’interviennent pas à temps, exposant l’intégrité du véhicule et des usagers.
Enjeux juridiques et responsabilité
La diffusion de ces données a relancé le débat sur la responsabilité en cas d’accident :
- Responsabilité du conducteur : la loi exige une main constamment posée sur le volant et une attention permanente, ce qui n’est pas toujours respecté.
- Responsabilité du constructeur : des recours judiciaires ont été initiés, arguant que Tesla vante parfois un niveau d’autonomie au-delà de la réalité technique.
- Régulateurs et normes : la NHTSA enquête pour déterminer si Tesla a sous-estimé les risques liés à l’usage détourné ou excessif de l’Autopilot.
Plusieurs jugements récents ont condamné Tesla à indemniser des familles de victimes, estimant que l’affichage « Full Self-Driving » pouvait induire une fausse impression de sécurité.
Comparaison avec d’autres constructeurs
Si Tesla est le pionnier médiatique de l’assistance étendue, d’autres marques proposent des systèmes similaires (Mercedes Drive Pilot, GM Super Cruise, BMW Driving Assistance). En comparaison :
- Certains concurrents intègrent des balises infrarouges ou LIDAR pour renforcer la détection.
- La plupart demandent un contrôle plus fréquent du conducteur via des capteurs de pression ou de mouvements.
- Les retours de sinistralité révèlent des taux d’accidents mortels moindres, mais à relativiser selon le nombre de kilomètres cumulés.
Perspectives pour l’industrie automobile
Ce bilan sombre ne doit pas éclipser les avancées techniques. L’automatisation de niveau 2 représente une transition nécessaire vers les véhicules entièrement autonomes (niveau 4-5). Pour gagner la confiance du public et des autorités, les constructeurs devront :
- Renforcer la formation des conducteurs à l’usage des aides à la conduite.
- Améliorer la tolérance et la robustesse des algorithmes dans les scénarios complexes (conditions météo, routes secondaires, travaux).
- Mettre en place des audits indépendants sur la fiabilité et la sécurité fonctionnelle du logiciel.
- Communiquer de façon transparente sur les limites réelles de l’assistance et rappeler l’obligation de vigilance.
La route vers l’autonomie totale est encore longue, mais ces enseignements sont essentiels pour prévenir de nouvelles tragédies et faire progresser la mobilité assistée en toute sécurité.
