Un SUV familial qui joue les sportives : vraiment ?
Quand Renault dégaine une version « Esprit Alpine » de son tout nouveau Austral, forcément, les oreilles des amateurs de sensations se dressent. Mais que vaut vraiment ce SUV compact au look musclé ? Est-ce seulement une affaire de badging et de présentation, ou les promesses d’agrément et de dynamisme sont-elles tenues ? J’ai pris le volant de l’Austral Techno Esprit Alpine pendant une semaine complète, entre ville, route secondaire et voies rapides. Spoiler : l’équation design, technologie et performances a quelques surprises dans le coffre…
Design : des muscles dans les lignes et du style dans les détails
Premier contact visuel : on est loin du SUV lambda. L’Austral Esprit Alpine impose immédiatement une présence marquée, très réussie. Finitions spécifiques, teinte gris schiste satin (disponible en option), jantes 20 pouces Daytona, vitrage arrière surteinté, badge Alpine sur l’aile… tous les codes du véhicule dynamique sont présents, sans sombrer dans l’outrance.
Un détail qui m’a fait sourire ? Le petit drapeau tricolore sur les flancs du capot, clin d’œil subtil mais assumé à l’héritage Renault Sport. Un vrai plaisir aujourd’hui où de nombreux modèles concurrents perdent leur identité dans une mondialisation fade. Ici, on sent une volonté claire de se démarquer.
À l’intérieur, même attention au détail : sellerie Alcantara avec surpiqûres bleu-blanc-rouge (très Alpine, ça), volant à méplat gainé de cuir Nappa, pédalier alu, ciel de toit noir… L’ambiance est à la fois technologique et sportive. Le genre d’habitacle qui donne envie de s’installer, de toucher, d’explorer. Et ce côté « premium sportif » est rare à ce tarif.
Technologie embarquée : une dalle XXL et des aides bien pensées
Point central de la planche de bord : l’écran en L, hérité de la Mégane électrique. Composé de deux dalles de 12 pouces (une horizontale pour l’instrumentation, une verticale pour le multimédia), il impressionne autant par sa taille que par sa réactivité. Et bonne nouvelle : le système OpenR Link, développé avec Google, ne fait pas que joli… il fonctionne
vraiment
bien.
Google Maps intégré, reconnaissance vocale via l’assistant Google, compatibilité Android Auto et Apple CarPlay sans fil : l’expérience s’approche largement de ce que l’on trouve sur nos smartphones. Ajoutez à cela une caméra 360°, un affichage tête haute en couleur et une foule d’aides à la conduite (régulateur adaptatif, maintien dans la voie, détection de fatigue…), et vous obtenez un SUV à la pointe en matière de connectivité et de sécurité.
Petit bémol ? Le nombre de réglages, parfois redondants, peut dérouter à la première utilisation. Mais après un petit temps d’adaptation, c’est un vrai confort au quotidien.
Sur la route : plus agile que sportif, mais sacrément plaisant
Renault propose l’Austral Esprit Alpine avec la motorisation E-Tech full hybrid 200 ch. Il s’agit d’un bloc essence 3 cylindres 1.2 associé à deux moteurs électriques et une batterie 2 kWh, le tout orchestré par une boîte de vitesses automatique à crabots multi-mode. À l’usage, ce système privilégie clairement l’efficience… mais surprend par son dynamisme quand on sollicite l’accélérateur.
En ville, le roulage 100% électrique est fréquent, même au-delà de 50 km/h – un vrai plus pour le silence et la consommation. Sur route, les relances sont franches, avec un 0 à 100 km/h en moins de 9 secondes (merci l’assistance électrique). Ce n’est pas explosif, mais suffisant pour profiter d’un comportement joueur, surtout grâce au châssis.
Et là, mention spéciale au système 4Control Advanced (disponible en option sur la finition Techno Esprit Alpine), qui offre les roues arrière directrices. À faible allure, la voiture devient ultra-maniable (pratique en créneau ou parking souterrain), tandis qu’à haute vitesse, la stabilité augmente sensiblement. Franchement bluffant, surtout sur les routes sinueuses où l’on se prend à jouer avec l’Austral comme avec une compacte sportive. Oui, un SUV. Qui l’eût cru ?
En revanche, ne vous attendez pas à un rugissement sportif : aucun artifice sonore ici, et le trois-cylindres reste discret, parfois un peu trop. Les puristes d’Alpine devront faire avec.
Consommation et quotidien : le bon élève
Au cours de mon essai d’environ 550 km mêlant bouchons, nationale et autoroutes, la consommation moyenne est restée sous les 5,5 l/100 km. Une performance respectable pour un SUV essence/électrique de 200 chevaux, pesant plus de 1 600 kg. En milieu urbain, avec un style de conduite souple et un peu d’anticipation, il est même possible de descendre sous les 4,5 l.
Et au quotidien ? L’espace à bord est généreux, surtout à l’arrière, avec une banquette coulissante sur 16 cm pour moduler volume de coffre ou habitabilité selon les besoins. Le coffre, justement, propose entre 430 et 555 litres selon la configuration. De quoi loger sans peine les valises du week-end ou les sacs de sport du foot à 7 – testés et approuvés dans les deux cas.
Quant au confort, il reste une priorité : suspension bien calibrée, isolation acoustique soignée, système audio Harman Kardon optionnel plutôt convaincant… l’Austral sait se faire routier, familial et zen.
À qui s’adresse vraiment l’Austral Techno Esprit Alpine ?
À mon sens, ce SUV hybride s’adresse aux conducteurs qui cherchent un compromis entre efficience, plaisir de conduite et design affirmé. Ce n’est pas un vrai modèle Alpine, bien sûr, et personne n’aura l’audace de le comparer sérieusement à l’A110. Mais il retranscrit quelque chose de l’ADN “séduction et dynamisme” cher à la marque dieppoise.
Il trouvera également sa place chez les automobilistes urbains ou périurbains souhaitant passer à l’hybride sans être contraints par la recharge – tout en profitant d’un véhicule bien équipé, stylé et, disons-le, valorisant.
Peut-être plus séduisant encore pour ceux qui cherchent un SUV polyvalent et malin, avec une touche de sportivité pour le plaisir des yeux… et des virages.
Tarifs et rivaux : dans la course ?
Comme souvent, c’est la grille tarifaire qui viendra fixer les limites de l’envol. L’Austral Techno Esprit Alpine commence autour de 43 000 €. Une somme certes, mais qui se défend par le niveau d’équipement très complet, le soin porté au design et l’absence de malus grâce à l’hybridation.
Face à lui ? Le Peugeot 3008 Hybrid 136 ch, très correct mais moins puissant. Le Toyota C-HR hybride 200, qui mise sur une aura techno, mais pèche par une habitabilité moindre. Le Cupra Formentor e-Hybrid, plus cher et rechargeable. Bref, un positionnement habilement pensé.
Sans être révolutionnaire dans ses prestations, l’Austral Techno Esprit Alpine réussit à se distinguer par son allure, son homogénéité et cette petite touche « française » qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
En résumé : les points à retenir
- Un design extérieur et intérieur soigné, avec une vraie personnalité
- Un comportement agile et plaisant grâce aux roues arrière directrices
- Un système hybride bien maîtrisé, sans recharge nécessaire
- Un bon agrément de conduite, sans sacrifier le confort
- Un positionnement tarifaire compétitif vu l’équipement
Loin de se limiter à une version “cosmétique”, cet Austral Esprit Alpine assume son nom et propose une expérience de conduite engageante, idéale pour ceux qui veulent du caractère sans renier la praticité. Belle synthèse d’ingéniosité à la française, dotée d’une vraie gueule… et ça, il faut le saluer.