Alors que la transition vers l’électrique accélère, un nouvel épisode géopolitique fait trembler les chaînes de production automobiles : la Chine vient de durcir ses contrôles à l’exportation de terres rares, matières premières essentielles pour les moteurs électriques et de nombreux composants high-tech. Cette décision, motivée par des enjeux stratégiques, menace d’entraîner des arrêts de production chez les constructeurs européens, très dépendants de ces matériaux.
La mainmise chinoise sur les terres rares
La Chine concentre aujourd’hui :
Ces aimants entrent dans la composition des moteurs électriques, des servodirections, des turbines d’éoliennes, mais aussi des lasers et des smartphones. Des éléments comme le néodyme, le terbie ou le dysprosium sont à la fois clés pour la performance des motorisations électriques et quasi irremplaçables dans les technologies embarquées.
Un contrôle à l’export renforcé en réaction aux tensions commerciales
En avril 2025, Pékin a mis en place un système de licences extrêmement strictes pour l’exportation de ces matériaux, suite aux surtaxes américaines imposées par l’administration Trump. Pendant plusieurs semaines, les usines chinoises ont quasiment suspendu toute expédition vers l’étranger. Si quelques dérogations ont ensuite été accordées à certains pays, ces licences restent très limitées en volume, temporairement valides et soumises à des modifications de dernière minute.
Cette incertitude permanente est perçue par les industriels comme un véritable instrument de pression politique, capable de paralyser en quelques semaines la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Menace de ruptures de production pour l’industrie automobile
Chez les constructeurs européens, l’alerte est maximale :
Christian Grimmelt, expert de la société de conseil Berylls/AlixPartners, souligne que « sans réapprovisionnement rapide, la production européenne pourrait subir des interruptions d’ici la fin du semestre ».
Solutions et approches alternatives
Pour réduire cette dépendance, plusieurs stratégies sont à l’étude :
Malgré ces efforts, un abandon total des terres rares demeure pour l’instant illusoire : leur densité énergétique et leur performance magnétique restent uniques pour nombre d’applications.
Une course au prix et à la planification
Le dérèglement de l’offre a déjà des conséquences directes sur les coûts :
Les terres rares, piliers technologiques et défis environnementaux
Les 17 éléments classés « terres rares » comprennent notamment le lanthane, le cérium, le néodyme, le praséodyme, l’europium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium et l’yttrium. Bien que relativement abondants dans la croûte terrestre, ils se trouvent souvent à l’état de trace, mêlés à d’autres minéraux. Leur extraction, généralement réalisée en carrières à ciel ouvert, pose des problèmes écologiques majeurs :
Dans les années 1990, face à ces enjeux, de nombreux pays occidentaux ont fermé leurs sites d’exploitation, laissant à la Chine un quasi-monopole mondial. Aujourd’hui, l’heure est à la diversification et à la relocalisation des capacités pour sécuriser la transition énergétique et préserver l’environnement.
La récente crispation des exportations chinoises de terres rares rappelle à quel point la mobilité électrique et la digitalisation mondiale reposent sur un équilibre fragile. Les constructeurs, les États et les filières industrielles doivent coopérer pour créer un approvisionnement durable, résilient et respectueux de l’écosystème planétaire.