Lucid Air Sapphire vs Porsche Taycan Turbo GT : duel de titans électriques, qui domine vraiment ?
Quand deux mastodontes de la traction électrique s’affrontent, les chiffres font tourner les têtes : Lucid annonce 1 251 ch et un 0‑100 en 2,0 s pour son Air Sapphire, tandis que Porsche rétorque avec 1 108 ch déclarés et un 0‑100 en 2,3 s pour le Taycan Turbo GT. Mais au‑delà des feuilles de spécifications, que valent ces voitures sur route et sur piste ? Nous avons mis les deux modèles à l’épreuve pour évaluer non seulement leur explosivité en ligne droite, mais aussi leur comportement réel dans les virages, la répétabilité des performances et l’agrément d’utilisation.
Des chiffres vertigineux… qui doivent être pondérés
Les deux berlines pèsent leur poids : autour de 2,3 à 2,4 tonnes, selon l’habillage et les options. Sur le papier, le Lucid Air Sapphire joue la carte des superlatifs — 1 251 ch et des pointes annoncées jusqu’à 330 km/h —, tandis que le Porsche, dans sa livrée Turbo GT, assume un caractère plus « européen » : puissance astronomique, mais une architecture et des composants conçus pour la répétition et la constance. En pratique, notre banc de test a mesuré un 0‑100 autour de 2,4 s pour le Lucid (selon les conditions) et 2,3 s pour le Taycan : la promesse de Lucid de 2,0 s s’est montrée difficile à tenir dans nos conditions de test réelles.
Lancer la fusée : sensations et contraintes
Le démarrage en mode « launch » est une expérience sensorielle comparable à un choc contrôlé. Sur les deux voitures, la séquence de préparation (chauffe des batteries, chauffe des gommes, paramétrage du mode piste) est déterminante pour obtenir le meilleur temps. Le Lucid, lorsque tout est au vert, catapulte littéralement l’auto ; le couple massif (valeurs maximales disponibles en mode track) se traduit par une accélération foudroyante et des poussées instantanées. Mais attention : la répétition des runs révèle les limites thermiques du système. Après quelques tentatives, le Lucid voit ses performances chuter sensiblement, imposant des temps de récupération. Le Taycan, lui, montre une meilleure répétabilité : les runs successifs restent proches les uns des autres, signe d’une gestion thermique et d’une architecture plus éprouvées.
Comportement dynamique : qui tourne mieux ?
Sur la piste routière et en slalom, la différence devient nette. Le Taycan Turbo GT bénéficie d’un châssis raffiné, d’un train avant incisif et d’un système de suspension active qui permet de conserver une assiette idéale en courbe. La direction du Porsche est précise, communicative, et l’ensemble inspire confiance pour pousser fort de manière répétée. Le Lucid étonne par son confort de roulage et son filtrage des irrégularités, grâce à une suspension à grand débattement bien réglée, mais sa masse et son équilibre le rendent moins incisif en virage. En conduite rapide, le Taycan met souvent quelques dixièmes par rapport au Lucid dans les exercices où la précision et la transition de charge comptent.
Châssis et électronique : philosophies différentes
Lucid mise sur une suspension sophistiquée (amortisseurs adaptatifs) et une architecture pensée pour le grand confort et la puissance brute. Porsche a poussé plus loin la carte des systèmes actifs : suspension pneumatique à ajustements rapides, contrôle de roulis actif et calibrages châssis extrêmement fins. Résultat : le Taycan se montre plus neutre dans les transitions, moins sujet aux variations d’appui, et plus permissif lorsque l’on cherche le chrono tour après tour. Le Lucid, malgré des suspensions impressionnantes, demande une gestion plus prudente de l’accélérateur en sortie de courbe pour éviter les déportements et les interventions d’ESP.
Usure et endurance : la vraie question pour les propriétaires
Nous avons poussé les deux autos jusqu’à des vitesses élevées et sur plusieurs passages intensifs. Le verdict est sans appel : le Taycan garde la main en termes de constance. Le Lucid peut être plus extrême ponctuellement, mais sa capacité à maintenir ce niveau sur de longues séries de runs est limitée par la thermique et la gestion d’énergie. Pour un propriétaire qui veut « tout », y compris des journées piste intensives, le Taycan apparaît plus adapté à l’usage répété. Le Lucid brille pour les runs exceptionnels et le plaisir pur de la poussée initiale.
Confort, ergonomie et vie quotidienne
Sur les trajets quotidiens, le Lucid séduit par l’espace intérieur, le grand coffre modulable (selon configuration) et une ergonomie tournée vers le confort. Porsche conserve une approche plus sportive : l’habitacle est centré autour du conducteur, la position de conduite est basse et fermée, très orientée performance. Les deux voitures restent toutefois luxueuses, bien finies, et conçues pour un usage premium.
Consommation et autonomie : un écart réduit
Sur notre cycle mixte de test, les consommations mesurées approchent des valeurs élevées : l’usage intensif en mode piste fait exploser les chiffres. En pratique, en conduite « normale » mais vive, les deux se situent à des niveaux comparables (autour de 25–26 kWh/100 km lors de nos essais intensifs), et l’autonomie utile baisse rapidement si l’on sollicite la puissance maximale. Là encore, la gestion thermique et la capacité à restituer la puissance en continu font la différence : le Taycan peut enchainer des efforts sans punition excessive.
Faut‑il choisir l’un plutôt que l’autre ?
Au final, ces deux titans incarnent deux philosophies : la poussée extrême et spectaculaire chez Lucid, la maîtrise et la constance chez Porsche. Pour qui veut l’extraordinaire sur une ligne droite, le Lucid peut impressionner. Pour l’usage dynamique répété, la Porsche reste la référence.
