Un cargo chargé de 3 000 voitures en feu au milieu du Pacifique
Dans la nuit du 3 juin 2025, le vraquier Morning Midas, âgé de 18 ans et opéré par Zodiac Maritime, a pris feu alors qu’il se trouvait à quelque 1 000 kilomètres au sud-ouest d’Adak, en Alaska. À son bord, près de 3 000 véhicules neufs, dont environ 800 voitures électriques, se sont retrouvés pris dans les flammes. L’incendie, dont l’origine reste à confirmer, a été localisé sur le pont supérieur où étaient entreposés les modèles à batterie. Toute la cargaison est désormais menacée et le navire dérive en flammes sur l’océan.
Évacuation de l’équipage et interventions
Alertée par un appel de détresse reçu vers minuit, la Garde côtière américaine a rapidement mobilisé des hélicoptères et navires de surveillance. Sur place, la priorité a été de secourir les 22 membres d’équipage à bord. Les pompiers maritimes ont constaté une propagation rapide du feu, malgré le déclenchement des systèmes d’extinction embarqués :
- Le compartiment véhicules électriques, avec ses batteries lithium-ion en grand nombre, a engendré un foyer extrêmement chaud et inextinguible.
- Le risque d’explosion des batteries a contraint les secouristes à maintenir leurs distances.
- Finalement, l’équipage a dû quitter le navire en embarquant dans les canots de sauvetage, puis a été hélitreuillé par un cargo voisin. Aucun blessé n’a été signalé.
Un navire en feu, un environnement menacé
Depuis l’abandon, la Morning Midas continue de brûler et dérive sans contrôle. Les images satellites montrent des panaches de fumée dense en pleine mer. Les conséquences sur l’environnement sont majeures :
- Émissions toxiques : la combustion des batteries et des liquides hydrauliques génère des gaz corrosifs et nocifs pour la faune marine.
- Pollution chimique : des résidus de métaux lourds (nickel, cobalt) risquent de se déverser dans l’eau, affectant la chaîne alimentaire.
- Marée de particules : les particules fines en suspension menacent la qualité de l’air et aggravent les risques pour la vie aquatique.
Rappel du précédent de la Felicity Ace
Ce drame rappelle celui du Felicity Ace en 2022, un autre cargo automobile qui a brûlé pendant deux semaines avant de couler dans l’Atlantique. Les similitudes sont frappantes :
- Prise de feu dans la section de stockage des véhicules électriques.
- Éjaculation incontrôlée d’hydrocarbures et de composants batteries.
- Impossibilité de maîtriser l’incendie par les moyens classiques.
Dans les deux cas, le choix d’un navire non spécialement conçu pour le transport de batteries lithium-ion a joué un rôle clé dans l’aggravation du sinistre.
Les défis du transport maritime des voitures électriques
Avec l’essor des véhicules électriques, la flotte mondiale de cargos spécialisés doit s’adapter rapidement :
- Normes de sécurité renforcées : classification des batteries comme marchandises dangereuses, avec protocoles de chargement dédiés.
- Compartimentage spécifique : zones isolées et ventilées pour limiter la propagation de la chaleur et des fumées.
- Systèmes de détection précoce : capteurs thermiques et de fumée reliés à une surveillance en continu à terre.
- Extinction par gaz inerte : installations fixes de CO₂ ou d’argon pour étouffer rapidement tout foyer naissant.
Propositions pour un transport plus sûr
Face à ces incidents, plusieurs acteurs appellent à un renforcement des exigences :
- Instaurer des zones de chargement indépendantes dans les ports, où chaque batterie est scannée, étiquetée et mise en quarantaine avant embarquement.
- Doter chaque cargo d’un centre de commande incendie avec un équipage formé spécifiquement à la gestion des risques thermiques et chimiques.
- Mener des audits réguliers sur les procédures de manutention, afin d’identifier et corriger les failles dans la chaîne logistique.
- Intégrer les constructeurs automobiles dans la chaîne de responsabilité, en exigeant une documentation détaillée sur l’état de santé et la charge des batteries.
Quelle relève pour l’industrie automobile et maritime ?
Le Morning Midas illustre l’urgence d’une coordination renforcée entre armateurs, constructeurs et régulateurs. Si l’automobile électrifiée est la clé de la réduction des émissions, sa logistique doit devenir aussi vertueuse que ses moteurs. Pour les automobilistes, ces tragédies rappellent que l’innovation ne se limite pas aux véhicules, mais concerne aussi chaque maillon de leur voyage, de l’usine jusqu’à la prise de recharge.