Un siège social de 22 étages mis en vente
Nissan a pris la décision inédite de proposer à la vente son siège mondial, un immeuble de 22 étages situé à Tokyo, érigé en 2009 sous la houlette de Carlos Ghosn. Selon Automotive News, le constructeur en difficulté entend ainsi lever près de 650 millions de dollars (environ 573 millions d’euros) pour alléger sa trésorerie.
Origines du bâtiment et héritage Ghosn
Le projet de cette tour a été lancé lorsque Carlos Ghosn, alors directeur général, souhaitait marquer le redressement de Nissan. Après avoir remis Renault sur pieds en 1997, Ghosn prend les rênes du constructeur japonais en 2001, alors en crise. Il initie alors une politique de croissance et d’investissement, dont le siège de Tokyo constitue le symbole.
- Surface : 22 étages incluant bureaux, salles de réunion et espaces R&D.
- Coût de construction initial : estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.
- Importance stratégique : point d’ancrage de la direction mondiale et vitrine du groupe.
Une crise qui rappelle la fin des années 1990
Après un quart de siècle ponctué de succès puis de turbulences, Nissan replonge dans une situation périlleuse. Le dernier trimestre 2025 s’est soldé par une perte de 4,3 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros), la deuxième plus importante en 25 ans. Cette contre-performance relance la pression sur la direction pour réduire drastiquement les coûts.
Le rôle de Ivan Espinosa, nouveau PDG
La décision de vendre le siège revient à Ivan Espinosa, nommé à la tête de Nissan après une période transitoire. Sous sa houlette, le mot d’ordre est clair : aucun poste de dépense n’est tabou. La cession de l’immeuble vise à :
- Générer des liquidités immédiates pour stabiliser les finances.
- Réduire les frais fixes liés à l’entretien et la propriété de l’immeuble.
- Envoyer un message fort aux investisseurs sur la détermination à assainir les comptes.
Effets limités à court terme
Si 650 millions de dollars représentent un coup de pouce non négligeable, cette somme reste insuffisante face à un déficit de plusieurs milliards. Nissan doit donc engager d’autres mesures d’économies, notamment :
- La fermeture éventuelle de trois usines domestiques.
- La réduction de la taille de son centre d’essais et d’assemblage de Tochigi.
- L’optimisation des effectifs et la révision des alliances stratégiques.
Les portes-parole de Nissan déclarent « examiner toutes les options », sans toutefois confirmer ni infirmer les rumeurs.
Toyota : un contre-exemple de santé financière
De son côté, Toyota, leader mondial du secteur, annonce le lancement de la construction de son nouveau siège à Tokyo. Programmé pour 2030 près de la gare de Shinagawa, ce projet démontre la confiance du groupe dans son avenir. Toyota se présente désormais comme « entreprise de mobilité », élargissant son champ d’action bien au-delà de l’automobile traditionnelle.
Différences de stratégie et d’image
Face aux difficultés de Nissan, Toyota communique sur son ambition de transformer la mobilité :
- Nouvelle identité : de constructeur automobile à « mobilité company ».
- Investissements massifs : immobilier, infrastructures logistiques, R&D dans l’hydrogène et les batteries.
- Posture offensive : affichage de force financière, contrastant avec la frugalité imposée chez Nissan.
Enjeux pour Nissan et pour le secteur
La vente du siège et les coupes budgétaires s’inscrivent dans un contexte de transformation du marché automobile :
- Transition énergétique : investissements lourds pour l’électrification et l’hybridation, malgré la baisse des ventes de voitures thermiques.
- Concurrence mondiale : nouveaux entrants chinois, alliances Renault-Nissan-Mitsubishi sous pression.
- Rythme des innovations : besoins croissants en logiciels embarqués, conduite autonome et services connectés.
Nissan doit donc jongler entre réalignement des coûts et maintien de la compétitivité. Le destin du siège de Tokyo symbolise ce double défi : allouer des ressources pour l’avenir tout en préservant la trésorerie.