Nissan relance Sunderland : la nouvelle Leaf made in UK et sa gigafactory qui veulent secouer l’électromobilité européenne
Nissan vient d’ouvrir un nouveau chapitre à Sunderland : 450 millions de livres d’investissement, une gigafactory pour les batteries, 360 000 heures de formation pour 6 000 salariés et la production de la troisième génération de la Leaf programmée au printemps 2026. Pour qui suit l’industrie automobile européenne, cette annonce ne se limite pas à un simple redémarrage d’une usine historique : c’est une stratégie industrielle qui vise à sécuriser les approvisionnements, réduire les délais et proposer un produit électrique compétitif pour le marché européen.
Une usine modernisée et automatisée pour la CMF‑EV
La nouvelle Leaf repose sur la plateforme CMF‑EV et affiche des caractéristiques techniques et de production qui traduisent le niveau d’automatisation atteint à Sunderland. La carrosserie se compose de 42 éléments assemblés grâce à 78 robots et 137 outillages innovants. Côté production batterie, Nissan a installé une ligne dédiée où le pack est assemblé avec une cadence industrielle : les 26 boulons qui fixent la batterie sont serrés en 55 secondes, et la logistique interne repose sur 475 chariots autonomes. Ce degré d’automatisation vise deux objectifs clairs : fiabilité de fabrication et réduction des coûts unitaires.
Deux batteries, des autonomies adaptées au marché
Nissan propose deux capacités de batteries pour la Leaf : 52 kWh et 75 kWh. La 52 kWh revendique plus de 300 km d’autonomie WLTP, tandis que la 75 kWh va au‑delà des 330 km. Ce positionnement est pertinent pour le client européen : il couvre l’essentiel des usages quotidiens (trajets urbains et périurbains) tout en proposant une option pour ceux qui recherchent davantage d’autonomie sans basculer vers des segments supérieurs plus coûteux.
Performances et usages : un compromis entre dynamisme et pragmatisme
Les chiffres de performance annoncés sont équilibrés : 0 à 100 km/h entre 7,6 et 8,6 s, et une vitesse maximale de 160 km/h. Nissan choisit la voie pragmatique : privilégier une expérience routière convaincante sans exiger des consommations excessives ou des coûts de batteries prohibitifs. La Leaf se positionne donc comme une compacte crossover accessible, pensée pour un usage quotidien et non comme une sportive hautement poussée.
V2L et V2G : la Leaf comme ressource énergétique mobile
Parmi les innovations fonctionnelles, la Leaf intègre une fonctionnalité Vehicle‑to‑Load (V2L) capable d’alimenter des appareils jusqu’à 3,6 kW. C’est une option concrète avec des applications pratiques : alimentation de matériel sur chantier, source d’énergie pour du camping ou secours domestique en cas de coupure. La Leaf est aussi « V2G ready » : préparée pour renvoyer de l’énergie vers le réseau à terme, fonctionnalité au potentiel majeur pour l’intégration des véhicules électriques dans les politiques de gestion de la demande énergétique.
Interface et connectivité : l’écran comme centre névralgique
À bord, Nissan fait le choix d’une interface moderne avec un grand écran de 14,3 pouces et l’intégration complète de la suite Google (Maps, Assistant, Play Store). Cette orientation répond aux attentes des utilisateurs qui cherchent un écosystème numérique fluide et familier, notamment pour la navigation, le multimédia et les services embarqués. Pour Nissan, la connectivité devient un argument de vente essentiel, surtout auprès d’un public jeune et urbain.
Un plan industriel pensé pour l’Europe
L’investissement massif à Sunderland s’inscrit dans le programme EV36Zero de Nissan, qui vise à créer un écosystème complet : production de véhicules, assemblage de batteries et appui sur des sources d’énergie renouvelables. Sunderland, déjà centenaire dans le paysage local, se voit réorienté vers une production locale plus résiliente, réduisant la dépendance aux chaînes lointaines et améliorant la réactivité face aux fluctuations de la demande européenne.
Formation et emploi : une conversion massive des compétences
Un volet essentiel du projet est la montée en compétences : 360 000 heures de formation pour la requalification de 6 000 employés. La transition industrielle vers l’électrique nécessite des savoir‑faire nouveaux (haute tension, robotique, assemblage batterie, cybersécurité embarquée). Sunderland mise donc sur l’humain autant que sur la machine, une condition pour garantir fiabilité et pérennité des processus.
Logistique et chaîne d’approvisionnement : vers plus d’autonomie
La gigafactory et la rationalisation des lignes de production visent à réduire les délais et les risques liés aux chaînes globales. En rapprochant la production des marchés européens, Nissan ambitionne de sécuriser les approvisionnements et d’optimiser la capacité de réaction face aux perturbations géopolitiques ou logistiques. C’est également une réponse au besoin de souveraineté industrielle européenne sur des composants stratégiques comme les cellules de batterie.
Impact pour les consommateurs et le marché
Les commandes de la Leaf ont été ouvertes à l’automne 2025, avec des livraisons prévues au printemps 2026. Pour le consommateur, la Leaf offre :
Pour le marché, Sunderland devient un atout industriel stratégique pour Nissan en Europe, contribuant à la compétitivité du constructeur sur le segment des compactes électriques.
Les enjeux à garder à l’œil
Plusieurs points restent critiques pour le succès du projet :
Avec Sunderland, Nissan ne se contente pas d’assembler une voiture : la marque mise sur une approche industrielle intégrée et locale, qui, si elle est bien exécutée, peut renforcer la position européenne de Nissan et offrir au marché une alternative électrique compétente et pragmatique.

