Aux États-Unis, un comité du Congrès a adopté à une écrasante majorité un projet de loi exigeant l’équipement en radio AM de tous les véhicules neufs. Le vote, sanctionné par 50 voix contre 1, marque une étape décisive pour préserver la diffusion sur ondes moyennes – un canal jugé vital par les services d’urgence, malgré les réticences initiales de la filière automobile.
Un vote historique : 50 contre 1
Le 22 septembre 2025, le sous-comité des Transports de la Chambre des représentants a validé le “AM Radio for Every Vehicle Act” par 50 voix pour et une seule contre. La mesure impose l’intégration d’un récepteur AM dans chaque véhicule neuf vendu sur le sol américain, pendant une durée de huit ans. L’installation devra être assurée sans surcoût pour l’acheteur et respectera des spécifications techniques minimales garantissant la réception dans les zones rurales et en cas de panne des réseaux cellulaire et internet.
La genèse du compromis politique
Le texte résulte d’un compromis négocié par la députée démocrate Debbie Dingell (Michigan), après plusieurs mois de discussions entre constructeurs, autorités de secours et représentants des radiodiffuseurs. Initialement portée pour dix ans, la durée de l’obligation a été réduite à huit ans face aux inquiétudes des constructeurs quant à la pérennité de la technologie AM. Les industriels se sont néanmoins engagés à travailler de concert avec les autorités pour optimiser l’intégration et limiter les interférences.
Pourquoi maintenir la radio AM ?
- Canal d’alerte prioritaire : en cas de catastrophe naturelle ou de cyberattaque, la radio AM reste, dans de nombreux États, la seule source d’informations fiables et continues.
- Couverture étendue : les émetteurs AM offrent une portée jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres, particulièrement utile en zones peu densément peuplées.
- Résilience technique : contrairement aux voies de communication modernes, le réseau AM ne dépend pas d’infrastructures complexes et résiste mieux à certaines perturbations atmosphériques.
Ces arguments, rappelés tant par les pompiers que par la FEMA (Federal Emergency Management Agency), ont pesé lourd dans la balance parlementaire.
La fronde de l’industrie automobile
Plusieurs constructeurs, notamment les spécialistes de véhicules électriques, avaient dénoncé une réglementation dépassée. Ils pointent :
- Interférences électromagnétiques : le système d’alimentation des VE crée des perturbations nuisibles à la réception AM.
- Usage en déclin : selon leurs études, moins de 5 % des automobilistes utilisent la bande AM de façon régulière.
- Coût d’intégration : estimation d’environ 50 à 100 dollars par véhicule pour la chaîne radio complète.
Ces acteurs s’étaient regroupés au sein de l’Alliance for Automotive Innovation pour militer contre l’obligation, arguant que les radios numériques et les services de streaming remplacent progressivement l’AM.
L’unique voix dissidente
Le seul député à s’opposer, Jay Obernolte (Californie), a défendu le libre choix des consommateurs : “Pourquoi imposer un équipement que la majorité n’utilise pas ?” a-t-il lancé. Il s’appuie sur un rapport de la FEMA de 2023 selon lequel moins de 1 % des Américains reçoivent effectivement les alertes via AM. Ses arguments n’ont toutefois pas convaincu ses collègues, sensibles à la notion de service public en matière de sécurité civile.
Soutien bipartisan et perspectives d’adoption
Le texte bénéficie d’un large appui : plus de 300 représentants ont co-signé la proposition, et une version similaire dort déjà au Sénat. Les prochaines étapes prévoient un examen en séance plénière avant la session d’automne. S’il franchit ces obstacles, le président pourrait promulguer la loi avant la fin de l’année fiscale, garantissant sa mise en œuvre dès 2026.
Conséquences pour les constructeurs et les usagers
- Adaptation technique : les équipementiers audio devront fournir un module AM résistant aux perturbations et se fondant dans l’architecture du véhicule sans générer d’interférences.
- Coût supporté par l’industrie : l’installation gratuite pour les acheteurs se répercutera sur le prix de revient des véhicules, avec un impact marginal espéré.
- Sérénité pour le consommateur : à bord, une source d’informations ininterrompue en cas d’accident, de coupure réseau ou d’événement majeur.
Écho en Europe et ailleurs
Ce vote américain pourrait inspirer d’autres législations similaires. En Europe, la couverture de la bande AM est plus réduite, et les autorités penchent davantage pour le numérique DAB+. Néanmoins, face aux pannes de réseau mobile constatées lors de catastrophes naturelles, certains pays pourraient revisiter l’idée d’un canal hertzien de secours – preuve que la robustesse de l’AM n’est pas un simple vestige du passé.