Sur la « Radhauptverbindung München–Süd », véritable autoroute cyclable de 13 km reliant Munich à Sauerlach, un phénomène inattendu jette un froid sur la mobilité douce : une minorité de cyclistes sportifs atteint fréquemment 50 à 60 km/h sur ce tronçon asphalté, générant tensions et situations dangereuses pour les familles, les seniors en VAE et les usagers occasionnels.
Un projet emblématique bousculé par la vitesse
Conçue comme un exemple de transition vers des déplacements plus durables, la piste Munich–Süd traverse le Perlacher Forst sur un tracé rectiligne et suffisamment large pour accueillir deux files de cyclistes. Pourtant, l’engouement pour ce corridor vert s’est accompagné d’un usage « extrême » par des entraînements de cyclistes sur routes : tenues de compétition, vélos de route ultralégers et intensité d’effort maximale. Selon les relevés ponctuels, des pointes à plus de 50 km/h ont été enregistrées, là où la vitesse est limitée à 30 km/h, voire à 10 km/h en approche de la Kugler-Alm, un lieu très fréquenté.
Une cohabitation sous haute tension
Le succès de la piste est indéniable : jusqu’à 5 000 cyclistes l’empruntent chaque jour lors des beaux jours, toutes catégories confondues. Familles avec enfants, adeptes du vélo à assistance électrique, usagers du quotidien et sportifs de haut niveau se croisent sans toujours constater la diversité des vitesses. Les conflits se multiplient :
- Stress et frayeurs : piétons et cyclistes lents subissent l’effet « aspirateur » créé par les pelotons rapides, avec risque de chute.
- Accroissements du temps de réaction : 50 km/h contre 10 km/h ne laissent plus que 1 seconde pour éviter un obstacle, contre 5 secondes seulement à basse vitesse.
- Contentieux entre voisins : commerces, restaurateurs et riverains dénoncent un danger public et une perturbation de l’ambiance bucolique.
Le maire veut des « blitzers » pour Vélos
Stefan Schelle, maire CSU d’Oberhaching, sollicite le recours aux radars sur la section communale de l’itinéraire, afin de dissuader les « Rennrad-Rowdys » (cyclistes de course indisciplinés). Son raisonnement :
- Prévention active : arrêter la course à la performance pour protéger les usagers les plus vulnérables.
- Équité juridique : appliquer les mêmes règles de circulation aux cyclistes qu’aux automobilistes en excès de vitesse.
- Signal fort : montrer que la collectivité ne tolère pas les comportements à risque sur un tronçon financé par la collectivité.
Des bandes rugueuses et un 10 km/h testés
Face à l’urgence, la commune a déjà installé trois ralentisseurs métalliques sur la zone limitée à 10 km/h : une mesure mécanique destinée à faire chuter la vitesse et à rappeler visuellement la contrainte. Malgré cela, certains cyclistes surgissent encore à 40 km/h, mettant en évidence l’efficacité limitée de ces ralentisseurs sur des vélos de course équipés de pneus fins et de suspensions réduites.
Limites légales et techniques des radars vélo
Sur le plan technique, les radars-routiers (radars fixes ou mobiles) peuvent capter tout engin roulant, y compris un vélo. En revanche, ils ne sont pas homologués pour mesurer la vitesse des cyclistes. Deux obstacles majeurs se dressent :
- Légalité : toute verbalisation doit reposer sur un appareil certifié pour le type de véhicule, or les radars existants ne le sont que pour les autos et motos.
- Acceptation : verbaliser des cyclistes sportifs pourrait susciter un tollé et nuire à l’image d’une politique pro-vélo.
De plus, verbaliser à 10 km/h un cycliste engagé dans un entraînement fragiliserait l’adhésion locale à la sécurisation globale du tracé.
Solutions alternatives et perspective
Liam propose, au nom de Terra Auto, plusieurs pistes d’amélioration :
- Contrôles mobiles ciblés : déploiement d’équipes de médiation d’usage (assistants cyclistes) pour expliquer les risques et encourager le respect des limitations.
- Signalisation dynamique : dispositifs lumineux donnant la vitesse instantanée au cycliste, comme sur certaines voies pour piétons.
- Aménagement de couloirs vélo](libres de restrictions pour les cyclistes sportifs, parallèles à la piste principale, afin de séparer les flux rapides et ludiques.
- Campagne d’information : sensibilisation via réseaux sociaux et affichage local pour promouvoir la courtoisie et la cohabitation.
Vers une cohabitation apaisée
La réponse de la commune d’Oberhaching, nation pionnière du vélo urbain en Allemagne, sera suivie de près. Tant que le cadre juridique ne permettra pas une sanction directe des cyclistes en excès de vitesse, l’objectif sera de concilier mobilité rapide et sécurité partagée. Des aménagements complémentaires et une culture du respect mutuel doivent s’imposer pour que la Radhauptverbindung München–Süd reste exemplaire, sans laisser place aux « rowdys » du guidon.