En Allemagne, l’exonération de la taxe annuelle sur les véhicules (Kraftfahrzeugsteuer) pour les voitures 100 % électriques expirera officiellement le 31 décembre 2025. À partir du 1er janvier 2026, les immatriculations de nouveaux modèles électriques seront soumises au barème standard, rompant ainsi un avantage fiscal qui a largement stimulé le marché depuis plusieurs années.
Un cadre politique en évolution
La coalition fédérale avait inscrit dans son programme l’extension de l’exonération pour les voitures électriques jusqu’en 2035. Néanmoins, début juillet 2025, le ministère des Finances a clarifié que, malgré l’objectif affiché, aucun calendrier n’est encore fixé pour la modification législative du Kraftfahrzeugsteuergesetz. Le porte-parole a précisé :
- Le contrat de coalition prévoit bien une prolongation de l’exonération jusqu’en 2035.
- La mise à jour du texte de loi ne requiert pas l’aval du Bundesrat, mais n’est pas encore programmée.
- Jusqu’au 31 décembre 2025 inclus, tous les VE immatriculés en Allemagne restent exonérés pour une durée maximale de dix ans (jusqu’à fin 2030).
Mécanisme de calcul de la taxe post-2025
Pour les véhicules électriques immatriculés dès le 1er janvier 2026, la taxe ne dépendra plus des émissions de CO₂ (logique pour un zéro émission), mais uniquement du poids maximal autorisé du véhicule :
- Barème en tranches de 200 kg : chaque palier fixe la base imposable.
- Exemple : pour 1 800 kg, on calcule deux tranches (1 600–1 800 kg et 1 800–2 000 kg).
- Pas de bonus ou malus lié à l’autonomie ou à la nation de fabrication.
Illustrations chiffrées
Selon les directives fiscales en vigueur, voici quelques estimations annuelles :
- BMW i3 (poids total 1 630 kg) : environ 50 € par an.
- VW ID.4 Pro Performance (2 480 kg) : près de 75 € par an.
- Tesla Model Y Long Range (2 300 kg) : aux alentours de 70 € par an.
Ces montants restent modestes comparés aux taxes sur les moteurs thermiques, tout en marquant un renchérissement pour les futurs acquéreurs d’électriques.
Impact sur le comportement d’achat
Le calendrier fiscal influence fortement les décisions d’acquisition :
- Afflux de commandes d’ici fin 2025 : de nombreux acheteurs anticipent l’expiration de l’exonération.
- Recours aux véhicules d’occasion : les modèles immatriculés avant le 31 décembre 2025 conservent l’exonération, même en cas de revente.
- Augmentation de l’intérêt pour les hybrides rechargeables : ces modèles restent parfois fiscalisés différemment.
Les constructeurs et concessionnaires adaptent déjà leur offre promotionnelle pour accélérer les livraisons et éviter un « effet report » sur 2026.
Conséquences budgétaires et écologiques
Sur le plan des finances publiques, l’exonération prolongée représentait un manque à gagner estimé à plusieurs centaines de millions d’euros par an. Le retour à la taxation favorisera :
- Un complément de recettes fiscales à court terme.
- Une redistribution de la charge entre véhicules électriques et thermiques.
- Une possible réaffectation des ressources à l’infrastructure de recharge ou aux transports publics.
Côté environnemental, l’alourdissement de la taxe reste symbolique face aux économies de CO₂ réalisées. Les décisions d’accélérer les ventes avant 2026 ne devraient pas compromettre la dynamique de transition énergétique mise en place.
Points de vigilance pour les conducteurs
Pour éviter les surprises, les propriétaires et futurs acquéreurs doivent :
- Vérifier la date de première immatriculation et calculer la durée d’exonération restante.
- Anticiper le budget annuel de taxe en fonction du poids du véhicule.
- Comparer les offres d’occasion et de neuves en tenant compte de la fiscalité post-2025.
En parallèle, le gouvernement pourrait annoncer un échelonnement ou des abattements temporaires pour lisser la transition, même si rien n’est confirmé à ce stade.
Vers un nouveau paysage fiscal
L’évolution de la législation sur la taxe automobile reflète la convergence des enjeux économiques, environnementaux et sociaux. Si l’exonération pour les véhicules 100 % électriques reste l’un des piliers de la politique climatique, la fin de cet avantage incite à repenser le modèle de taxation pour le rendre plus équitable tout en favorisant l’innovation et la mobilité durable.