Yasa établit un nouveau record de densité de puissance « accidentel »

Le jeune constructeur britannique Yasa, filiale à 100 % de Mercedes-Benz, vient de frapper un grand coup dans le monde des moteurs électriques. Lors de tests internes, son prototype d’axe-rotor-disque a « accidentellement » pulvérisé le précédent record mondial de densité de puissance. Affichant 550 kW (748 ch) pour seulement 13,1 kg, il atteint un rapport incroyable de 42 kW par kilogramme (soit 57,1 ch/kg), loin devant les 23,2 kW/kg du motoriste Helix et les 13,3 kW/kg de l’Equipmake HPM-400.

Principe de l’axialflux et gains majeurs

Contrairement aux machines radiales classiques, où le stator en anneau entoure le rotor, l’axialflux articule plusieurs disques rotor et stator en alternance le long d’un même axe. Le flux magnétique circule parallèlement à l’axe de rotation, d’où le nom « axial ». Cette géométrie confère trois atouts majeurs :

  • Un format ultra-compact et faible encombrement, facilitant l’intégration dans des architectures moteur variées.
  • Une surface de refroidissement accrue : les bobines de cuivre, situées à l’extérieur, peuvent être efficacement refroidies par un circuit étanche ou un flux d’air dirigé.
  • Une inertie réduite, grâce à des masses rotatives concentrées sur des disques fins, améliorant la réactivité et la rapidité de montée en régime.

Performance et comparaison avec la concurrence

Au sein de l’équipe Yasa, le CTO Tim Woolmer a dévoilé la performance du prototype : « La semaine dernière, nous avons, un peu par hasard et de manière officieuse, franchi le palier historique de densité de puissance pour notre catégorie de moteurs ». Avec 550 kW délivrés pour un poids de 13,1 kg, ce moteur dépasse largement :

  • Le record d’un moteur Helix : 650 kW pour 28 kg (23,2 kW/kg).
  • Le HPM-400 d’Equipmake : 400 kW pour 30 kg (13,3 kW/kg).

Ce bond de près de 80 % par rapport à la référence Helix témoigne de l’excellence de la conception axialflux et de l’expertise de Yasa. L’absence de matériaux exotiques (lamelles cobalt-fer, fil Litz) et l’utilisation de procédés manufacturiers classiques rendent ce record d’autant plus impressionnant, car il prouve la scalabilité du moteur pour des volumes industriels de 10 000 à 50 000 unités.

Applications haut de gamme et perspectives industrielles

Dans l’univers de la haute performance électrique, l’axialflux de Yasa s’impose déjà auprès des plus grands :

  • Le concept Mercedes-AMG GT XX, préfiguration du GT 4 Portes électrique, embarquera trois de ces moteurs pour totaliser 1 000 kW (1 360 ch).
  • Lamborghini équipe ses futurs hybrides réactivés « Temerario » et « Revuelto » de motorisations Yasa, combinant V12 et électrique axialflux.

Ces partenariats soulignent la confiance des motoristes traditionnels et des constructeurs de supercars dans la technologie axialflux. Ils ouvrent la voie à une électrification performante, sans compromis sur la compacité et le poids.

Défis techniques et coût de production

Si les avantages sont indéniables, l’axialflux reste aujourd’hui plus complexe à produire qu’une machine radiale standard. Les principales raisons :

  • Assemblage précis des disques rotor et stator, avec un espacement millimétrique vital pour éviter les frottements et optimiser le flux.
  • Systèmes de refroidissement adaptés pour assurer une dissipation thermique homogène sur tout le pourtour du disque.
  • Contrôle qualité strict sur les matériaux magnétiques et les enroulements de cuivre pour garantir la longévité.

Pour l’instant, l’axialflux reste donc réservé aux véhicules premium où le surcoût d’investissement est amorti par des prix de vente élevés. Mais Yasa envisage une montée en cadence progressive, visant une production à coûts raisonnables dans le segment des sportives haut de gamme.

Vers un record certifié et le développement futur

Yasa se prépare désormais à valider officiellement ce record en soumettant son moteur au grand banc d’essai cet été. Le déroulé et les chiffres certifiés par un organisme indépendant devraient tomber dans les prochains mois. Parallèlement, l’entreprise travaille déjà sur une version optimisée, visant à pousser encore plus loin la densité de puissance sans sacrifier la robustesse.

Avec ces avancées, Yasa confirme son rôle de laboratoire d’innovations pour Mercedes-Benz et le secteur EV en général. Le pari est clair : prouver que l’axialflux peut devenir la référence non seulement dans les supercars électriques, mais aussi dans des segments plus accessibles, à l’aube d’une véritable démocratisation des moteurs ultra-performants et légers.

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