Sur le marché de l’occasion, le Toyota Century détonne par son prix incroyablement bas qui défie toute concurrence. Considérée comme la limousine la plus prestigieuse du constructeur japonais, la seconde génération (GZG50, 1997–2017) se négocie aujourd’hui à partir de 15 000 € en Europe, voire à moins de 10 000 $ aux États-Unis. Retour sur ce « diamant brut » au V12 artisanal.
Une histoire de prestige et de discrétion
Depuis 1967, le Century incarne le summum du savoir-faire Toyota : réservé aux têtes couronnées, aux Premiers ministres et aux grands patrons, il se distingue par son luxe feutré plutôt que par un logo tape-à-l’œil. La seconde génération, fabriquée chez Kanto Auto Works, reste à ce jour le seul modèle japonais produit en série avec un moteur 12 cylindres en V – le 1GZ-FE de 5,0 L développant 280 ch.
Le V12 1GZ-FE : une mécanique rare et raffinée
- Moteur construit à la main, biplace de soupapes par cylindre et injection multipoint.
- 280 ch à 5 200 tr/min pour un couple de 481 Nm, idéal pour une conduite suave.
- Architecture silencieuse : une priorité pour véhiculer ministres et diplomates en toute quiétude.
- Distribution à simple arbre à cames en tête, gage de simplicité et de fiabilité.
Cette mécanique, unique sur le marché, n’a jamais été renouvelée et demeure le symbole d’une époque où Toyota visait l’excellence horlogère en matière de motorisation.
Un design sobre, un intérieur soigné
- Carrosserie massive et lignes épurées, loin des extravagances stylistiques.
- Teinte quasiment toujours noire, reflet du caractère officiel de la limousine.
- Sellerie en tissu haut de gamme (luxe japonais oblige), souvent en laine plutôt qu’en cuir.
- Emblème doré en forme de phoenix à l’arrière, clin d’œil discret à l’ascendant impérial.
- Équipement de série très complet : stores électriques arrière, TV numérique, suspension pneumatique.
Le Century mise sur l’understatement : à l’intérieur, sièges massants et réglables électriquement, poignées chromées, planche de bord habillée de bois précieux et d’inserts métalliques.
Prix et opportunités en Europe
Contrairement aux berlines Lexus, le Century reste méconnu hors du Japon. Les exemplaires importés apparaissent sporadiquement sur les plateformes d’occasion :
- Budapest : un modèle 2000 affichant 92 500 km pour 14 900 €.
- Vechta (Allemagne) : un exemplaire de 2004 en parfait état à 38 000 €.
- France : quelques rares annonces à partir de 20 000 €, souvent pour des véhicules venus d’Europe de l’Est.
Ces tarifs s’expliquent par l’absence de service après-vente officiel et la conduite à droite, frein majeur pour la majorité des acheteurs européens.
Le boom aux États-Unis
Sur la côte ouest américaine, le JDM (Japanese Domestic Market) suscite un engouement certain :
- Plusieurs Century partis de 10 000 $ (8 900 €) sur le site cars&bids.
- Le plus courant se négocie entre 10 000 $ et 15 000 $ (13 300 €).
- Communauté de passionnés prête à importer et à entretenir ces limousines rares.
Pour un prix équivalent à une berline allemande de milieu de gamme, on obtient un morceau d’histoire automobile, parfaitement préservé et au style inimitable.
Comparaison : Toyota Century vs Rolls-Royce Silver Seraph
Pour mesurer l’aubaine :
- Un Rolls-Royce Silver Seraph 1999 (165 000 km) coûte actuellement 30 000 € — le double d’un Century.
- Le tarif le plus bas pour un Silver Seraph atteint 49 500 € pour un modèle similaire.
À performance et confort comparables, le Century apparaît comme un choix judicieux pour qui recherche discrétion, fiabilité et originalité.
Conseils avant l’achat
- Vérifier l’historique complet : carnet d’entretien, factures de maintenance et validité des importations.
- Contrôler le fonctionnement des stores et du système de suspension pneumatique, coûteux à réparer.
- Inspecter la corrosion éventuelle sous châssis, car de nombreux exemplaires ont transité par les côtes humides.
- Tester l’état du système audio et de la TV intérieure, souvent défaillants après deux décennies d’usage.
- Prendre en compte la disponibilité des pièces détachées via des spécialistes JDM ou des importateurs du Japon.
Malgré ces précautions, le Toyota Century d’occasion demeure un investissement rare pour les amateurs de mécaniques d’exception au budget raisonnable.