Microcars : l’avenir urbain en format mini… mais à quel prix ?
Avec la flambée des coûts d’achat et du carburant, la mobilité citadine redessine ses contours. Les microcars, petites voitures électriques ou thermiques issues des catégories L6e et L7e, promettent de désengorger les centres-villes tout en limitant l’impact financier et écologique. Mais quelle réalité derrière ces « petites boules » roulantes vendues parfois au prix d’un modèle compact classique ? Terra Auto a testé quatre représentants de cette nouvelle classe pour en découvrir les forces et les faiblesses.
Ari Soleno : le sportif robuste venu de Chine
Issu du Mini EV chinois, l’Ari Soleno se différencie par son habitabilité et sa robustesse. Assemblé en Saxe sur la base d’un châssis importé, il vise les professionnels et livre :
- Des performances supérieures : 102 km/h en pointe et 0 à 60 km/h en 6,7 s, avec son moteur synchrone de 20 kW (27 ch).
- Une autonomie de 220 km grâce à un pack 16,8 kWh, qui surclasse tous ses rivaux.
- Une suspension ferme et un ABS présent, mais une ergonomie bancale pour les grands gabarits.
- Un système multimédia basique, mais un châssis tubulaire garanti à 1 060 kg, offrant stabilité et sensations.
Malgré une finition perfectible — console tactile brinquebalante et commandes parfois rustiques —, le Soleno se révèle étonnamment agile et sécurisant, grâce à ses pneumatiques larges (145/70 R12) et sa direction assistée.
Fiat Topolino : le vintage électrique limité à 45 km/h
Retour à l’Isetta des années 1950 avec le Topolino : 2,53 m de long, 8 m de diamètre de braquage, et un score de 45 km/h seulement. Classe L6e oblige, il affiche :
- Un moteur de 6 kW (8 ch) entraîné à 45 km/h max, idéal pour zones 30, mais frustrant hors agglomération.
- Une autonomie WTLP de 75 km via une batterie de 5,4 kWh, à peine suffisante pour un trajet domicile-travail.
- Une mécanique dépouillée : pas de coffre, pas de connectivité, mais un tablier PVC facile à nettoyer.
- Une tenue de route rassurante sur petites routes, bien qu’il reste sans ABS ni direction assistée.
À 9 890 €, le Topolino se destine à un usage limité et sélectif, avec un look rétro-chic irrésistible… pour un public prêt à sacrifier vitesse et confort.
Microlino : la renaissance électrique de l’Isetta
Avec 2,52 m de long et un style digne d’un jeu vidéo, le Microlino assume son héritage Isetta. Une sensation d’espace inattendue pour un gabarit si réduit :
- Pack batterie jusqu’à 15 kWh (optionnel), offrant 228 km d’autonomie et 17 ch de puissance nominale.
- Accélération 0-60 km/h en 9,5 s, 87 km/h en pointe, pour une conduite peinarde mais vivante.
- Intérieur soigné, Peccary cuir, mais bruyant : V12 ? Non – juste un petit moteur électrique mal isolé.
- Une absence regrettable d’ABS à l’heure où dépasser 70 km/h devient possible en L7e.
Proposé dès 17 990 €, le Microlino apostrophe les passionnés de design, mais son confort acoustique et la sécurité routière suscitent des réserves.
XEV Yoyo : le plus « voiturette » de tous
Dernier né de la startup XEV, le Yoyo se distingue par son équipement complet et son ambiance « grande série » :
- Moteur de 20 ch, pointe à 85 km/h, 150 km d’autonomie grâce à un pack 10,4 kWh.
- Climatisation, Apple CarPlay, toit ouvrant, 180 L de coffre et appairage smartphone embarqué.
- Confort de suspension inégalé, mais flottement latéral à la limite sur petites jantes 155/70 R13.
- ABS et EBD de série, freinage net, direction douce — le plus sécuritaire de la bande.
À 15 995 €, il rivalise avec les microcars premiums grâce à une offre d’équipement quasi complète et une conduite saine, sans l’extravagance tarifaire des leaders du segment.
Sécurité routière et réglementation L6e/L7e
Si ces microcars offrent une alternative séduisante pour la ville, la réglementation autorise peu d’équipements de sécurité dans ces catégories : pas de ceinture à enrouleur, pas d’ESP, ni d’airbags obligatoires. Seuls Ari et XEV intègrent un ABS efficace ; Ari ajoute même un airbag conducteur. Dans le contexte L7e, le Microlino paraît défaillant : pouvoir atteindre 87 km/h sans ABS soulève un dilemme éthique et sécuritaire. Le Topolino, limité à 45 km/h, échappe à certains risques, mais reste peu polyvalent. Tous partagent néanmoins des volants étroits, des pneus fins et des carrosseries légères, renforçant la vigilance requise pour circuler entre deux rails de trafic urbain.
En somme, la micro-mobilité n’a jamais été aussi diversifiée ni aussi exigeante : chaque modèle trace sa route entre design, équipements et perf’… à condition d’accepter ses compromis.