Un acronyme qui divise sur les routes d’Aachen
La polémique enfle autour de la combinaison de lettres AC-AB figurant sur les plaques d’immatriculation délivrées dans la région d’Aachen (Rhénanie-Du-Nord-Westphalie). L’abréviation ACAB, largement véhiculée dans certains milieux militants, signifie « All Cops Are Bastards » (« Tous les flics sont des bâtards »). Pour la plus grande fédération de syndicats de police allemands (GdP), cette mention, bien que cachée derrière un simple tiret, véhicule un message haineux et doit être proscrite du catalogue des immatriculations.
Genèse et portée de l’acronyme ACAB
Si l’inscription ACAB est principalement associée à des revendications très critiques à l’encontre des forces de l’ordre, son détournement sous la forme « AC-AB » sur une plaque minéralogique suscite une remise en question de la neutralité attendue dans l’attribution des numéros de série. Selon Thorsten Schleheider, vice-président de la GdP à Berlin, la présence de ces cinq caractères « propage un monde idéologique fondé sur la haine et la défiance systématique vis-à-vis de la police ».
AC-AB vs AC-DC : comparaison chiffrée
Les données de la circonscription d’Aachen montrent que cette combinaison controversée n’est pas un cas isolé :
Au total, ce sont 358 821 plaques débutant par AC qui circulent dans la région, fruits de la politique autorisant la conservation d’un numéro de plaque après un déménagement hors de la zone d’origine.
Le cadre légal de l’immatriculation en Allemagne
En vertu du Règlement sur l’immatriculation des véhicules (Fahrzeug-Zulassungsverordnung), les combinaisons de lettres ne doivent pas « porter atteinte aux bonnes mœurs ». La définition de ces dernières relève du comité technique fédéral-régional, le Bund-Länder-Fachausschuss Fahrzeugzulassung. Pour l’instant, ce comité n’a pas jugé utile d’interdire l’utilisation de AC-AB, laissant l’appréciation au gouvernement de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie.
Les arguments des syndicats de police
La GdP avance plusieurs raisons pour justifier l’interdiction immédiate :
Réponse mesurée du gouvernement régional
Malgré ces appels, la porte-parole du ministère des Transports de NRW se montre réservée : « Nous n’identifions pour l’instant aucun besoin supplémentaire de réglementation concernant les combinaisons de lettres à Aachen. » Même ton prudent du ministre de l’Intérieur Herbert Reul (CDU) souligne que « si les provocations sont fréquentes, elles se situent souvent à la limite de la sanction pénale et n’entrent pas dans notre champ d’action ». Le gouvernement régional indique néanmoins qu’il continuera à « observer attentivement » l’évolution de la situation.
Une question de principes et d’image publique
Au-delà de l’absurdité apparente, l’affaire pose une question de fond : quelle responsabilité incombe à l’administration en matière de décence et de neutralité ? Les syndicats évoquent la nécessité d’une signalétique épurée, respectueuse, loin des slogans idéologiques. Les usagers, pour leur part, expriment des avis contrastés : certains défendent la liberté de choix à l’immatriculation, d’autres plaident pour une limitation stricte des combinaisons afin de préserver le caractère civil et institutionnel des plaques.
Perspectives de régulation
Plusieurs scénarios peuvent émerger dans les prochains mois :
Chacune de ces solutions témoigne de l’enjeu : concilier la liberté individuelle et la cohésion sociale, tout en préservant l’image des institutions chargées de notre sécurité routière.