Un changement de cap réglementaire bientôt exploité par Ram

Le 31 juillet 2025, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a brusquement supprimé plusieurs normes fédérales strictes sur les émissions de CO₂ et les polluants pour les véhicules neufs. Cette décision, perçue comme un « tournant historique », a immédiatement libéré Ram de nombreuses contraintes et permis à Stellantis de revoir sa stratégie produit. Dès le lendemain, le PDG Antonio Filosa a confirmé, lors de la publication des résultats du premier semestre, le retour en force du Ram 1500 TRX, désormais armé d’un V8 Hemi suralimenté.

L’annonce officielle d’Antonio Filosa

Antonio Filosa, nommé à la tête de Stellantis fin 2024, a choisi ce contexte pour dévoiler le « Ram TRX 2.0 ». Durant la conférence financière, il a précisé que le pick-up reprendra sa place de fer de lance de la gamme Ram grâce à un moteur V8 de 6,2 litres équipé d’un compresseur revisité :

  • Restaurer l’image virile et performante de Ram dans le segment haut de gamme ;
  • Proposer une puissance estimée à plus de 730 ch pour concurrencer directement le Ford F-150 Raptor R (710 ch) ;
  • Maximiser les marges bénéficiaires grâce à des tarifs premium et des volumes maîtrisés.
  • Filosa a clairement indiqué que le TRX n’est pas un simple véhicule « vitrine », mais bien un « pilier de rentabilité » pour la marque face aux actuelles turbulences économiques.

    Le V8 Hemi suralimenté, cœur battant du TRX

    Le TRX de première génération offrait déjà 712 ch et 881 Nm de couple, permettant un 0–100 km/h en 3,7 secondes. Pour l’édition 2026, Stellantis vise encore plus haut :

  • Puissance ciblée : entre 730 et 750 ch, obtenus grâce à un compresseur à action plus rapide et à un calibrage électronique optimisé ;
  • Couple maximal : autour de 900 Nm, pour garantir des relances foudroyantes sur route et hors-piste ;
  • 0–100 km/h abaissé : sous les 3,5 secondes, pour conserver le statut de pick-up le plus rapide du monde.
  • Le châssis, renforcé par des barres anti-roulis recalibrées et des suspensions adaptées, devrait rester proche de celui de la génération précédente, avec quelques ajustements pour supporter la charge supplémentaire du compresseur et des radiateurs agrandis.

    Concurrence directe avec le Ford Raptor R

    Le Ford F-150 Raptor R, animé par un V8 de 5,2 litres surcompensé à 710 ch, a dominé la catégorie des « muscle pick-ups ». Avec le TRX 2026, Ram entend riposter :

  • Performances passées vs nouvelles ambitions : le Raptor R a fait sensation en 2023 avec ses accélérations et sa tenue de route extrême. Ram compte surpasser ces standards en exploitant l’effet marketing du « plus de ch ».
  • Positionnement tarifaire : malgré un prix de départ estimé à plus de 90 000 €, Ram mise sur la rareté du TRX pour justifier des tarifs à plus de 100 000 €, contre environ 95 000 € pour le Raptor R.
  • Expérience client : Ram proposera des options exclusives via le service « Adventurist Package », incluant pneus tout-terrain haute performance et systèmes d’extraction d’eau pour franchissement aquatique.
  • La guerre des chiffres et des sensations haut de gamme s’annonce féroce, chaque constructeur cherchant à capturer l’esprit « off-road extrême » de ses clients.

    Stratégie de marque et recherche de marges

    Pour Stellantis, ramener le TRX à flot n’est pas qu’une opération d’image : c’est une manœuvre pour redresser la profitabilité du groupe dans un contexte où les ventes globales stagnent. Les bénéfices du TRX viendront de :

  • Pénurie contrôlée : production limitée à 5 000 unités/an pour maintenir un effet de rareté et des prix élevés ;
  • Options à forte marge : sellerie cuir surpiquée, systèmes audio haut de gamme et accessoires « off-road » (treuil, barre LED) se vendront comme des « packs » exclusifs.
  • Cross-selling : comme le propose Ram, un abri de terrasse et un générateur portable de 7 kW seront proposés aux propriétaires de TRX pour un mode de vie « aventurier » cohérent.
  • Cette orientation premium reflète la volonté de Stellantis de se positionner dans le segment des pick-ups « luxe », où les marges sont plus généreuses et les clients prêts à dépenser pour se différencier.

    Impact environnemental et image de la filiale SRT

    Annoncer un véhicule si gourmand en énergie au lendemain d’une telle libéralisation réglementaire pose la question de l’éthique écologique : Ram assume son choix de promouvoir un puriste de la combustion interne, tandis que Dodge, via la réactivation de la division SRT (Street & Racing Technology), cherche à raviver la flamme des moteurs à explosion. Les critiques environnementales s’éteignent provisoirement devant la légèreté des contraintes, mais la question reste :

  • Comment Stellantis concilie-t-il ce retour au « Big Block » avec ses engagements de neutralité carbone d’ici 2038 ?
  • Des versions hybrides ou PHEV du TRX sont-elles envisagées pour limiter l’impact sans renoncer à la sonorité du Hemi ?
  • La communication autour du TRX 2.0 prévoit-elle des test badges « Low Emissions Vintage » pour amuser les puristes ?
  • Pour l’heure, Ram mise sur la liberté retrouvée et sur la nostalgie des amateurs de moteurs bruyants. Le TRX 2026 pourrait bien devenir le symbole d’une ère post-étatique, où les constructeurs n’hésitent plus à célébrer la puissance sans filtre.

    Calendrier et disponibilité

    Selon les premières informations, la version finale du Ram 1500 TRX suralimenté sera dévoilée au salon de Los Angeles fin 2025, avec les commandes ouvertes début 2026 pour une livraison à l’été. Les principaux marchés visés sont :

  • États-Unis (80 % de la production) ;
  • Canada et Moyen-Orient (10 % chacun) ;
  • Export limité en Europe, principalement en Allemagne, Royaume-Uni et Scandinavie (moins de 5 %).
  • Les passionnés peuvent d’ores et déjà s’inscrire en ligne pour obtenir un numéro de série prioritaire, témoignant de l’appétit pour ce pick-up hors norme, symbole de la dernière respiration du V8 américain.

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