Un bidon de secours nouvelle génération
Alors que les jerricans d’essence sont devenus anecdotiques, l’entreprise croate EV-Clinic propose un concept surprenant pour les propriétaires de voitures électriques : un « réserve-canister » capable de délivrer jusqu’à 4,2 kWh utilisables pour redonner de l’énergie à un véhicule immobilisé. Sous une apparence militaire, cette solution se présente comme un kit de survie électrique à poser dans le coffre.
Architecture et composants recyclés
Le cœur du système repose sur des cellules 18650 NMC Panasonic récupérées sur d’anciens packs de Tesla Model S. Recyclées plutôt que détruites, ces cellules offrent une seconde vie à la technologie :
- Capacité nominale : 5,2 kWh (4,2 kWh réellement exploitable).
- Module d’inversion : un onduleur Vitron développant jusqu’à 3 kW de puissance de sortie.
- Boîtier : châssis métallique artisanal en forme de bidon, muni de roulettes pour faciliter le transport.
- Connectique : une prise secteur 230 V pour recharger le pack, et une sortie type chargeur AC vers véhicule.
L’ensemble pèse environ 50 kg, soit plus lourd qu’une batterie de trottinette électrique, mais reste mobile grâce à ses roulettes intégrées.
Fonctionnement : recharger sur place son EV
Le principe est simple :
- Positionner le bidon à proximité du véhicule à sec.
- Brancher l’onduleur du réserve-canister à la prise de recharge du véhicule.
- Actionner un interrupteur pour enclencher le flux de courant alternatif (3 kW max).
- Transférer l’énergie jusqu’à épuisement du pack ou la remise en route du véhicule.
Avec 4,2 kWh disponibles, on peut récupérer en théorie 20 à 25 km d’autonomie, selon la consommation du modèle (180–210 Wh/km). À pleine puissance, il faudrait environ 1 h 15 pour vider complètement le pack, tandis que la recharge du bidon depuis une prise domestique (250 W en standard) demanderait près de 17 h.
Atouts et limites
Ce dispositif présente des avantages indéniables pour un bricoleur passionné :
- Recyclage intelligent : valorisation de cellules de seconde main, réduction des déchets.
- Autonomie de dépannage : accès à l’électricité même loin d’une borne publique.
- Aspect modulaire : livrable en kit pour ajuster soi-même le câblage et la protection des circuits.
Cependant, plusieurs freins apparaissent :
- Poids élevé : 50 kg compliquent la manipulation par une seule personne.
- Recharge lente : plus de 16 h pour refaire le plein via prise classique.
- Prix prohibitif : 4 999 € annoncés, soit deux fois plus qu’une station portable comparable.
- Montage délicat : nécessite des connaissances en électricité et en sécurité des batteries lithium.
Alternatives plus accessibles
Face au « Not-a-Canister », d’autres solutions existent :
- Powerstation 4 kWh : environ 2 300 €, prête à l’emploi, sans bricolage ni montage.
- Générateur 3 kW essence : près de 300 €, léger et rapide à démarrer, mais bruyant et polluant.
- Batterie nomade lithium-ion : modèles 1–2 kWh à moins de 500 €, suffisants pour quelques kilomètres de dépannage urbain.
Ces alternatives offrent souvent un meilleur rapport poids/prix et une mise en œuvre plus simple que la proposition d’EV-Clinic.
La vraie question : peut-on vraiment tomber en panne de batterie ?
Le recours à une aide extérieure pour batterie vide reste exceptionnel. Les chiffres du service assistance du Club automobile ADAC le confirment :
- Sur plus de 3,6 millions d’interventions en 2024, les pannes liées à l’épuisement de l’accumulateur électrique sont « au compte-gouttes », à peine une douzaine d’incidents.
- Un projet pilote équipe déjà certains véhicules de secours autour des aéroports de Francfort et Munich de bornes mobiles, sans encore avoir enregistré de mission opérationnelle dédiée.
Ainsi, la probabilité de se retrouver bloqué sans énergie est marginale. Mieux vaut optimiser son itinéraire, prévoir une marge de sécurité et maintenir une pratique régulière de la recharge.
Conseils pour éviter la panne sèche
Pour circuler sereinement en voiture électrique, quelques bonnes habitudes sont recommandées :
- Surveillance du niveau de batterie : consulter l’autonomie restante avant chaque trajet.
- Itinéraire planifié : repérer les bornes rapides (50–150 kW) et prévoir des points de recharge intermédiaires.
- Recharge régulière : recharger à 80 % plutôt qu’attendre la dernière barre.
- Version firmware à jour : bénéficier des optimisations logicielles de gestion de l’énergie.