Segula met fin à ses opérations de test pour Opel
Sans investisseur pour soutenir ses activités, le partenaire d’Opel, le groupe d’ingénierie Segula Technologies, a annoncé l’arrêt complet du fonctionnement de ses centres d’essais de Rüsselsheim et Dudenhofen. Les installations, longtemps mises à disposition d’Opel pour valider prototypes et nouvelles technologies, seront rétrocédées au constructeur allemand.
Deux sites stratégiques concernés
Segula exploitait deux pistes d’essais majeures pour le compte d’Opel :
- Le circuit de Rüsselsheim : situé à proximité du siège d’Opel, il permettait d’exécuter toute une gamme de tests sur bancs roulants, freinage, comportement routier et homologation réglementaire.
- Le centre de Dudenhofen : l’un des plus grands terrains d’essais en Europe avec plus de 95 hectares, disposant de pistes d’accélération, d’un circuit tous temps et d’une zone de pavés pour simuler des routes dégradées.
Ces deux sites, longtemps au cœur du développement des modèles Opel, devaient être gérés par Segula après la réorganisation du constructeur en 2019. Aujourd’hui, faute d’investisseurs pour financer les infrastructures et le personnel, Segula passe la main.
Un déficit d’investissements et de perspectives
En l’absence de nouveaux fonds, Segula a jugé impossible de maintenir ses opérations. Les coûts fixes liés à l’entretien des pistes, aux véhicules de test et aux équipes spécialisées se sont cumulés, sans retour sur investissement direct. Interrogé, un porte-parole du groupe a précisé :
- « Nous avons exploré plusieurs options de financement, y compris des partenariats publics-privés, mais sans succès. »
- « Les frais d’exploitation annuels s’élevaient à plusieurs millions d’euros, sans perspective claire de nouveaux contrats. »
Cette situation survient dans un contexte de mutation rapide du secteur automobile, où l’essor des tests pour véhicules électrifiés et autonomes exige des investissements massifs en bancs de test et en infrastructures hautes fréquences.
Retour des installations sous contrôle Opel
À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, la gestion des centres de Rüsselsheim et Dudenhofen sera assurée directement par Opel. L’entreprise prévoit de :
- Réintégrer progressivement les 120 ingénieurs et techniciens spécialisés actuellement employé·e·s par Segula.
- Moderniser les installations avec de nouveaux bancs d’essais pour batteries et systèmes d’aide à la conduite.
- Optimiser les plannings de tests en fonction du calendrier de développement des prochains modèles, notamment électriques.
Opel espère ainsi garantir la continuité des programmes de validation et réduire les délais de mise sur le marché. Le constructeur confirme également vouloir ouvrir ces sites à des partenaires extérieurs, afin de valoriser ces infrastructures et de répartir les coûts.
Impact sur l’industrie locale et les sous-traitants
Le transfert de gestion à Opel suscite plusieurs interrogations :
- Les fournisseurs de services de test, calibration et logistique pourraient voir leurs contrats renégociés ou transférés.
- Les prestataires de l’hôtellerie et de la restauration aux abords des sites perdront une partie de leur clientèle, liée au passage des équipes d’essais.
- La formation et l’emploi qualifié dans la région risquent d’être affectés si Opel ne maintient pas la totalité des effectifs.
Les autorités locales de Hesse et de Rhénanie-Palatinat, où se situent respectivement Rüsselsheim et Dudenhofen, collaborent avec Opel pour faciliter la transition et préserver l’emploi. Un plan de maintien des compétences devrait être détaillé dans les prochaines semaines.
Retour d’expérience et perspectives pour Opel
En internalisant ces centres d’essais, Opel entend renforcer son contrôle sur les phases de développement, mais aussi rationaliser les processus :
- Synergies usine–site de test : proximité accrue avec les lignes d’assemblage de Rüsselsheim pour les prototypes.
- Intégration numérique : exploitation directe des données de tests pour affiner les modèles de simulation en 3D et l’intelligence artificielle.
- Coûts maîtrisés : en éliminant la marge externe de Segula, Opel peut redéployer le budget vers de nouveaux bancs d’essais pour véhicules électriques.
Cet ajustement stratégique intervient alors qu’Opel accélère sa transition vers l’électromobilité : le constructeur prévoit de lancer sa troisième génération de modèles électriques dès 2027. Disposer de centres d’essais performants et flexibles sera un atout essentiel dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Organisation pratique du nouveau dispositif
Opel a déjà nommé un directeur technique pour superviser la reprise des installations. Parmi les prochaines étapes :
- Audit complet des équipements et plan de rénovation 2026–2028.
- Mise en place d’un calendrier de tests pour les prototypes du Manta-e, du Combo-e et futurs crossovers électriques.
- Lancement d’un appel d’offres pour renforcer la maintenance et l’instrumentation haut de gamme (lidar, radars, simulateurs de conduite autonome).
La gestion intégrée sous la marque Opel devrait, selon l’entreprise, réduire le délai moyen entre la conception d’un prototype et son homologation finale de près de 15 %.
Vers un modèle ouvert et collaboratif
Enfin, Opel envisage d’ouvrir partiellement les sites de Dudenhofen et Rüsselsheim à d’autres constructeurs ou startups spécialisées dans la conduite autonome et l’électromobilité. Cette politique de facturation à l’usage pourrait générer jusqu’à 20 % de revenus supplémentaires et consolider la position de ces centres comme des pôles de référence dans le secteur des essais automobiles.

